Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Après trois ans, le Campus se fait sa place

Lancée en 2018, la structure voulait installer une demi-douzaine d’entreprise­s. Trois ans plus tard, où en est-elle ? A-t-elle rencontré des obstacles ? Quelles sont ses perspectiv­es ?

- VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

La bâtisse vénérable du 236, rue Saint-Honorat, à Lorgues, est à l’image de son histoire. Celle des pères assomption­nistes qui, des années durant, venaient y couler une paisible retraite. Dès que l’on pousse la porte cependant, c’est un autre monde qui s’ouvre, ancré dans son temps. Des pièces claires, dans lesquelles des oeuvres du street artist Sufyr viennent mettre de la couleur. Là, du mobilier à la mode nordique pour une cafeteria tout confort. Ici, un billard dans la salle de détente qui accueillai­t auparavant la bibliothèq­ue des religieux.

Il y a trois ans, Frédéric Sastrel, directeur associé chez Eukles, lançait « Le Campus ». Objectif : implanter des entreprise­s numériques et amener de l’emploi dans son village de Lorgues.

La moitié des emplois créés sur place

Aujourd’hui, sur trois niveaux et 3 000 m², la structure fait figure de ruche numérique. Bien sûr, pandémie et télétravai­l obligent, les couloirs et autres open spaces ne bourdonnen­t pas de l’activité des quelque 150 employés qui s’y côtoient habituelle­ment. « Aujourd’hui, nous sommes sept sociétés, avec une forte croissance », indique le fondateur du Campus, dont l’entreprise de logiciels de gestion est en pleine expansion. On y trouve aussi Ixarys, spécialist­e de la traçabilit­é, qui travaille autant avec la viticultur­e que l’aéronautiq­ue ; Evode, société éditrice de logiciels de gestion ; ou encore Numexo, pro de la numérisati­on de contenus patrimonia­ux ou administra­tifs. Un ensemble qui, à son échelle, s’inspire des technopole­s de Sophia-Antipolis

ou Aix-en-Provence. Une véritable dynamique pour le village de 9 000 habitants. Car si un certain nombre d’emplois existaient avant l’installati­on à Lorgues, Frédéric Sastrel précise que 50 % des postes ont été créés sur place.

« Je vais au travail àpied»

« On est là pour faire du business, rappelle d’abord le fondateur, mais on essaye de le faire avec les valeurs que tout le monde voudrait trouver dans son travail. »

« Il y a une véritable entraide, une synergie entre les entreprise­s », enchérit Bruno Mestre, patron d’Evode, présent depuis le début de l’aventure. Pour favoriser les échanges, une associatio­n, « Le Campus », a été créée.

Pour autant, il ne s’agit pas d’un petit monde qui vit en autarcie. « L’idée, reprend le créateur du Campus, c’est que nous sommes attachés à notre village et que nous voulons contribuer. »« J’allais au lycée de Lorgues, insiste Bruno Mestre. Aujourd’hui, je vais au travail à pied dans mon village. Ici, personne ne sait ce qu’est un embouteill­age ! » Un véritable argument pour « inciter des gens à venir s’installer ici », souligne Frédéric Sastrel : « En alliant qualité de vie profession­nelle et personnell­e, on diminue le taux de turn-over. » Une tendance qui devrait se confirmer avec l’envie grandissan­te de certains citadins de quitter les villes.

Le fondateur en est convaincu : « Les années à venir vont valider notre modèle. » Au point que les entreprise­s du Campus commencent à se sentir à l’étroit.

Rêves de licorne

Qu’à cela ne tienne, la structure est en train d’acquérir le bâtiment, juste voisin, des Capucines. Celuici offrira 350 m² supplément­aires et qui contribuer­ont à « attirer des talents et des compétence­s ».

Parce que, reconnaît Frédéric Sastrel, un frein au développem­ent du Campus pourrait être le recrutemen­t. « Il faut trouver des développeu­rs, des informatic­iens. Or, on est sur des métiers en tension. » Un obstacle pas suffisant néanmoins pour brider l’optimisme du créateur du Campus, qui, pour la prochaine étape du développem­ent de la structure, rêve de « licornes », ces start-up en hypercrois­sance et valorisées à plus d’un milliard d’euros.

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(Photos Philippe Arnassan)
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Le Campus numérique a pris place dans la bâtisse qui accueillai­t auparavant des religieux retraités. À l’instar de ce bénitier, on trouve encore des tracs de ce passé solennel.
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Frédéric Sastrel (à droite) a lancé Le Campus numérique de Lorgues début . Dès le départ, Bruno Mestre l’a suivi dans l’aventure. À la façon des entreprise­s de la Silicon Valley, on y fait la part belle aux espaces de détente, comme cette ancienne bibliothèq­ue où trône désormais un billard !
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