Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une assistante maternelle en colère : « Mes enfants passent avant tout »
16 h 30. Quelques parents arrivent devant l’école. Gabriella, femme de chambre à Fréjus, est impatiente de retrouver sa fille de CE1. « Je suis toute seule à m’occuper d’elle. Impossible de bosser depuis la maison puisque je fais du ménage ». Cette mère explique qu’elle n’a aucune famille ici et peu de moyens financiers. « Je ne peux pas la faire garder ni rater le travail ». Un peu plus loin, un couple fixe le portail en attendant d’apercevoir leurs petits-enfants. Gérard et Geneviève sont venus rendre service : « Notre fille est infirmière et son mari, policier. Heureusement que nous sommes présents pour récupérer les garçons. »
Pour ces grands-parents, l’ouverture de l’école cette semaine permet à leurs deux petits-fils de souffler un peu.
En attrapant le cartable de l’un d’eux, Gérard assure qu’il préfère voir ses petits-enfants ici plutôt que chez lui. « Ça évite une cassure avec leur routine et ils voient leurs copains. Ils vont devenir cinglés sinon ces petits ! » A quelques mètres, Sandra, technicienne horticole et mère d’une fille de CE1, rit et affirme : « Ils sont bien courageux nos enfants ! » « Que se passe-t-il lorsque nous devons garder les enfants des autres mais que nous avons les nôtres ? » Une assistante maternelle raphaëloise qui préfère rester anonyme s’interroge. Habituellement, quatre enfants entre 3 et 18 mois se retrouvent dans sa maison. A ce jour, elle est obligée de leur fermer la porte, « pour l’avenir de mes enfants » rapporte-t-elle. La mère de deux adolescents, l’un en classe de seconde, l’autre de sixième dénonce le manque de reconnaissance pour sa profession. «Ma fille est en grande difficulté scolaire et je préfère l’aider à faire ses devoirs plutôt que de m’occuper des enfants des autres ». Pour cela, elle a opté pour sept jours de congé sans solde. Une manière de ne gérer qu’une semaine de service grâce aux vacances scolaires à partir du 12 avril. Celle qui confie se sentir comme «la 5e roue du carrosse » déclare être en conflit avec les parents de l’un des enfants qu’elle surveille. « Pour trois bébés que je garde, les parents ont accepté de me mettre au chômage partiel, la quatrième, refuse. Cela m’oblige à prendre des vacances. »
Une décision qui va peser lourd sur son salaire à la fin du mois.
Elle pense que c’est la solution. « On va devoir se serrer la ceinture. Mes enfants passent avant tout ! » Pour cette jeune maman, il n’est pas concevable d’imposer le bruit de ceux qu’elle garde à ses petits. « Comment peuvent-ils se concentrer à la maison avec des gamins qui jouent, crient et pleurent dans la pièce d’à côté. » L’assistante maternelle aurait aimé que le cas de sa profession soit pris « davantage au sérieux ».