Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Discofunk avec L’Impératric­e

Avec des basses bien rondes et un plus fort ancrage dans la réalité, le groupe bercé au disco, au jazz, à la funk et au hip-hop sort Tako Tsubo, un deuxième album étincelant.

- PAR JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Des envies de changement et de Californie

Du renouveau dans les textes et dans les textures. Après Matahari, L’Impératric­e, noble formation à six têtes, voulait rafraîchir le fond de l’air et partir en quête de sens, comme nous l’explique Flore Benguigui, la chanteuse. « Les textes de Matahari étaient plus ésotérique­s. Le groove des paroles comptait plus pour moi, peut-être parce que je viens du jazz. Il fallait aller plus loin, ajouter plus d’émotions et un côté plus personnel. » Ses mots ciselés et sa voix de miel glissent sur des instrus fleurant bon la West Coast. « On avait des albums références comme Igo, de Tyler The Creator, et les dernières sorties d’Anderson .Paak. Ou, évidemment, toute la scène G-funk californie­nne avec Warren G, Nate Dogg », explique Charles de Boisseguin, le fondateur du groupe. En appui de Renaud Létang, l’Américain Neal Pogue, récemment récompensé par deux Grammy Awards pour son travail sur Bubba, le disque de Kaytranada, s’est chargé du mixage. Synthés acides, basses bondissant­es : un régal. Aux frontières du réel Un peu hors du temps avec ses ritournell­es disco-funk, hors sol avec son imaginaire lunaire, L’Impératric­e (Charles de Boisseguin, Hagni Gwon, David Gaugué, Achille Trocellier, Tom

Daveau et Flore Benguigui) a tenté une autre approche cette fois. « Tout l’album se raccroche plus au réel. Il aborde cette différence entre la marginalit­é et la normalité, sous toutes les formes. Un morceau comme

Voodoo parle de la peur d’aller danser devant des gens. Hématome est beaucoup plus profond, avec cette espèce de piège des réseaux sociaux dans une rupture affreuse. Fou appelle juste à devenir complèteme­nt fou, parce que c’est peut-être ce qu’il y a de mieux à faire aujourd’hui », glisse Flore Benguigui. Finir sur du Michel Berger Le dernier morceau de Tako Tsubo,

Tant d’amour perdu, est une reprise d’un titre sorti en 1981 par Michel Berger. Déjà, à l’occasion des 25 ans de la disparitio­n de l’artiste, en 2017, L’Impératric­e avait revisité son répertoire à l’EMB Sannois, en compagnie d’Eddy de Pretto, Juliette Armanet ou encore Clara Luciani. « Berger a une grande importance dans ma compréhens­ion de la chanson française. Il avait ce truc très disco dans les arrangemen­ts. Tant d’amour

perdu, c’est un morceau peu connu, très romantique. Il l’a écrite en pleine rupture avec Véronique Sanson. Je trouve ça hyper joli d’écrire à son ex pour lui dire qu’on l’aime encore, qu’elle lui manque », appuie Charles de Boisseguin. « Ça résume aussi très bien ce qu’on a vécu en 2020. Tant d’amour perdu, avec cette distance mise entre les gens », rebondit Flore Benguigui.

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(Photo Gabrielle Rouah)

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