Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À Correns, une nuit de lutte… en vain
Une épaisse fumée tapissait, hier matin, la vallée de l’Argens. Le fruit d’un travail nocturne entrepris par les coopérateurs et propriétaires de domaines de Correns. La nuit a été blanche et longue pour les vignerons qui ont alimenté des feux de paille à l’annonce d’un coup de gel avec en prévision jusqu’à -4 °C.
L’espoir était d’atténuer par un écran de fumée les premiers – mordants – rayons de soleil. Las, le mercure est descendu beaucoup plus bas. Des températures exceptionnelles de mémoire d’anciens face auxquelles les bourgeons fructifères n’ont pas résisté.
Le gel les a touchés de plein fouet. Si hier matin, il était encore difficile d’estimer avec exactitude les dégâts, ils paraissaient considérables. Le constat est rude, une fois de plus.
Quatre gels printaniers en ans
« On n’a pas dormi. On a eu une alerte à minuit, il faisait déjà -1°C. Là, maintenant (hier à 7 heures, Ndlr), il fait -7,5°C. Ça baisse toujours, on va arriver à -8°C. Un peu plus haut, c’est déjà le cas », soulignait amèrement, Fabien Mistre, président des Vignerons de Correns. Posté sur une de ses parcelles le long de l’Argens – comme trente bénévoles corrensois mobilisés sur 250 ha –, il continuait à surveiller le tas de foin brûlé. «On sait que la paille est efficace jusqu’à 3°C. Le but est de produire un brouillard afin que les premiers rayons de soleil soient moins brûlants. » Les opérations de brûlage étaient vaines pour contrer totalement cette brutale descente du thermomètre. Petit espoir tout de même dans ce tableau noir. « Il n’y a pas d’humidité. Cette année, c’est tout sec. Ce qui permettra peutêtre de réduire les pertes. On estimera plus précisément les dégâts demain (aujourd’hui, (Photos Frank Muller) Ndlr). » Mais l’avancement végétatif (variable en fonction des secteurs de la côte à l’arrièrepays) laisse craindre le pire. « Les bourgeons fructifères commencent à sortir. Ils sont très sensibles. À -2°C, ils peuvent brûler. Par rapport à une année normale, on doit avoir une dizaine de jours d’avance. »
Le coopérateur déplore cette répétition d’épisodes destructeurs sur les vignobles. « 2017, 2019, 2020 et maintenant 2021, en cinq ans on a subi quatre gels de printemps importants. On ressent le changement climatique. Le stade végétatif n’a jamais été aussi précoce. Le constat est, bien entendu, le même dans tout le Var. »
De cause à effet, ces événements ont engendré des pertes de récoltes, « l’année dernière moins 30 % et en 2017 de l’ordre de moins 50%».