Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un numéro vert pour les victimes de violences
Le barreau de Draguignan lance le 12 avril un numéro vert pour accompagner plus efficacement les victimes d’infraction pénale et de violences intra-familiales.
Dans une cour d’assises, Isabelle Colombani a beau se trouver le plus souvent du côté du box des accusés, elle n’en ressent pas moins de la compassion pour les parties civiles. L’avocate dracénoise se dit même, parfois, que le pire aurait pu être évité si la machine judiciaire s’était mise en branle plus tôt.
C’est donc pour apporter de l’huile à ce rouage qu’elle a eu l’idée de mettre en place une défense spécifique des victimes en matière pénale, via l’ouverture d’une ligne téléphonique disponible sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Au bout du fil, un avocat donnera ses conseils gratuitement.
Le féminicide de Fréjus comme catalyseur
« Ce projet a trouvé sa source à la suite de l’assassinat d’une mère de famille à Vidauban, tuée par son mari en avril 2019, raconte l’avocate. La victime avait pourtant contacté la gendarmerie, qui lui avait conseillé de quitter le domicile… Je me suis dit que si, en amont, elle avait eu un professionnel à qui se confier, notamment sur les démarches à suivre… Et puis il y a eu le fait divers du 7 février, à Fréjus, qui a été le catalyseur (1). Dans une affaire pénale, le prévenu est pris en charge de suite, ce qui est très bien. Mais la victime est trop souvent oubliée, et cette affaire a une nouvelle fois mis ce défaut en lumière. » L’initiative a bien évidemment été saluée par le bâtonnier Philippe Barthélémy, qui prône tout particulièrement une justice de proximité. « Nous devons à toutes celles et ceux qui seraient victimes de violences conjugales et autres une réponse rapide et humaine, autant que judiciaire » appuie-t-il. Concrètement, à partir du 12 avril, toute personne victime d’infraction pénale se trouvant sur le ressort du tribunal judiciaire de Draguignan pourra entrer en contact avec un avocat qui l’aidera à rassembler les documents nécessaires pour, par exemple, obtenir au plus vite une ordonnance de protection auprès du juge aux affaires familiales.
« L’arsenal judiciaire s’est étoffé ces dernières années, se félicite Isabelle Colombani. Entre le bracelet anti-rapprochement, le téléphone grave danger ou la réforme de l’aide juridictionnelle, des choses sont faites pour rattraper notre retard en la matière. Il nous manque peut-être aujourd’hui un intervenant pour faire le lien. C’est cela que nous allons essayer de faire. »
Son projet a en tout cas reçu un écho favorable auprès de ses confrères. Deux groupes, l’un spécialisé sur les victimes de violences intrafamiliales, l’autre pour les victimes d’infraction pénale, vont être montées d’ici l’ouverture de la ligne. « Les avocats volontaires ils sont 90 aujourd’hui - auront 20 heures de formation par an afin d’être le plus compétent possible, précise celle qui jouera le rôle de coordinatrice. Nous allons également passer des partenariats avec des associations d’aides aux victimes, comme l’Aaviv ou Le Cap. » Un nouvel interlocuteur professionnel et efficace qui pourra, Isabelle Colombani l’espère, lui éviter de se retrouver une fois de trop du côté du box des accusés. 1. Un père de famille avait poignardé sa compagne devant ses propres enfants.