Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Suicide d’un détenu à Grasse : sa femme dépose plainte
Il avait 30 ans, originaire de Cannes, professeur de batterie. Il a été retrouvé pendu mercredi 31 mars dans une cellule individuelle du bâtiment B à la maison d’arrêt de Grasse. Incarcéré depuis le 29 janvier pour une conduite sans permis en récidive et un délit de fuite, D. laisse une fillette de trois ans et une veuve inconsolable. Sofia, 24 ans, a déposé plainte au commissariat ce jeudi. Sans haine, sans esprit de vengeance mais pour comprendre ce geste de désespoir. N’y a -t-il pas eu non-assistance à personne en danger, s’interroge-t-elle ? « Il avait été condamné à treize mois de prison mais il pouvait prétendre rapidement sortir avec un bracelet électronique », indique la jeune femme. Le rendez-vous avec le juge d’application des peines était prévu le 12 mai. Aucun incident en détention n’était signalé. Un travail, un domicile... tout était réuni pour que son séjour derrière les barreaux ne s’éternise pas.
Peur d’autres détenus
« Nous correspondions par lettre ou par téléphone tous les jours. Il avait bon espoir de sortir juste avant l’anniversaire de notre fille. Jamais je n’ai perçu son malêtre sauf le 30 mars, en fin d’après-midi, se souvient Sofia. Il m’a expliqué qu’il avait peur par rapport à d’autres détenus et ne se sentait pas soutenu par les surveillants. »
Le lendemain matin, il est retrouvé sans vie par un surveillant. Une enquête pour rechercher les causes de la mort est en cours. Une autopsie doit être pratiquée. Il n’est pas exclu que le passé judiciaire du père de D., condamné pour une affaire de moeurs, ait pu être le prétexte d’un harcèlement de la part d’autres détenus.
Me Felix Sermisoni, l’avocat (Photo doc Franz Chavaroche)
du défunt, abasourdi par la tragique nouvelle, ne comprend pas non plus le suicide de son client.
Il se remémore les conditions très singulières et insatisfaisantes du procès en comparution immédiate : « Il a été jugé depuis la prison, sans être extrait en raison du coronavirus. Je n’ai pu m’entretenir avec lui qu’en visio depuis la salle de correctionnelle. Il était 22 h quand il a été condamné à une peine ferme à laquelle s’est ajoutée la révocation de quatre mois avec sursis. » Une sanction conforme aux réquisitions du parquet. Le délit de fuite a pesé lourd. Me Sermisoni se souvient des explications de D. sur son refus d’obtempérer, en réponse à une question d’un magistrat : « Quand il était en situation de stress, il admettait pouvoir faire n’importe quoi. » Une phrase qui fait écho au drame du 31 mars, selon l’avocat.