Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La mort, c’est toujours celle d’un autre
Tous ceux qui ont eu un proche atteint d’une maladie incurable le comprendront : la vie apparaît parfois comme un fardeau insoutenable. Il n’est rien de plus douloureux que d’observer la dégradation d’un parent, d’un ami, déguenillé bribe après bribe de sa personnalité.
Celui-ci, qui n’avait peur de rien, tremble à chaque crépuscule. Celle-là, maîtresse de son destin, caractère rebelle et indomptable, est tributaire d’une aide pour se nourrir. Quelques années plus tôt, les mêmes plastronnaient devant la Camarde. Plutôt la mort que la déchéance, juraient-ils dans la force de l’âge. « Je ne veux pas devenir une charge pour mes enfants. Lorsque le moment sera venu, une pilule et hop ! On n’en parle plus. » Qui n’a pas déjà entendu ça ? Et qui n’a jamais constaté que ces promesses sont rarement suivies d’effet ?
Il est aisé de planifier sa fin de vie tant qu’on est en bonne santé. Et encore plus facile de se prononcer sur ce qu’il conviendrait de faire pour autrui. Le choix est moins évident lorsqu’on tourne soi-même autour du tombeau.
La question de l’euthanasie, en débat hier au Palais Bourbon, ne tolère donc pas les argumentations simplistes. Euthanasier, c’est donner le pouvoir à une tierce personne d’abréger – ou pas – votre existence. C’est parfois se fonder sur des directives anticipées pour figer l’avenir. C’est aussi, souvent, s’en remettre à l’avis d’un quidam dont les convictions religieuses, ou les intérêts personnels, peuvent influencer le jugement.
Au-delà des questions philosophiques, voire théologiques, le noeud du problème réside dans une interrogation : comment être certain que l’on respecte parfaitement la volonté du malade ? Non pas le souhait exprimé naguère par l’homme ou la femme qu’il fut, mais celui qu’il pourrait assumer aujourd’hui ?
La mort conjuguée au futur, c’est toujours celle d’un autre. Les paroles et les choix passés n’éclairent pas forcément la réalité du moment présent.
« Il est aisé de planifier sa fin de vie tant qu’on est en bonne santé. Le choix est moins évident lorsqu’on tourne soi-même autour du tombeau »