Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Il poignarde son agresseur sexuel au niveau du pénis

En réponse à une agression sexuelle, un Maximois a gravement blessé son voisin à la verge. Les deux hommes ont été condamnés par le tribunal correction­nel.

- V. W.

Pascal est un homosexuel « discret » , qui « ne fréquente pas les boîtes spécialisé­es et n’aime pas les “tarlouzes” ». Dans son entourage, affirme-t-il à la barre du tribunal correction­nel de Draguignan, peu savent qu’il est «gay» .Son voisin et fournisseu­r de cannabis Matteo, de quarante ans son cadet, n’était pas au courant de son orientatio­n sexuelle. C’est peutêtre cela, et le caractère prompt à l’emportemen­t de ce dernier, qui explique la réaction violente et disproport­ionnée du jeune homme ce 19 mai 2020.

Dix-huit points de suture

Dans ce dossier où les prévenus sont également victimes, difficile pour le tribunal de démêler le fil de la vérité. Une chose est sûre : Pascal a reçu un coup de couteau au pénis nécessitan­t 18 points de suture. « Mais tout va bien, je n’ai plus aucune douleur, tout fonctionne » rassure le sexagénair­e, amateur de bicyclette.

Premier à donner sa version des faits, souvent vulgaireme­nt, Matteo réfute avoir donné un coup volontaire. « On buvait un coup chez lui quand tout à coup il m’a touché le ventre et me dit que je suis costaud. Pour rigoler, je me mets torse nu. Et là, il cherche à enlever mon short, me touche le sexe. J’ai flippé et j’ai sorti de mon sac un couteau que je voulais lui vendre. Je l’ai dirigé vers son… appareil. Peut-être que la pointe l’a touché, je ne sais pas. Après ça, il m’a dit qu’il me laissait tranquille et je suis parti. Quand je suis revenu plus tard dans la soirée avec un ami pour récupérer mes affaires, il n’avait rien. Ni sang ni blessure… » Pascal dément. Et son récit est bien différent : «Àun moment dans la soirée, il me demande si je suis pédé. Je lui réponds que je préfère le terme gay et la tendresse. Il me fait des avances que je refuse, et là il s’est énervé. Il a sorti deux couteaux qu’il avait cachés dans son dos et s’est levé avec des yeux diabolique­s. Je me suis dit que c’était la fin pour moi. Quand j’ai vu les deux lames sous mon visage, je me suis évanoui. À mon réveil, il était parti et je me suis aperçu que je saignais abondammen­t de l’entrejambe. Je n’ai rien senti du coup de couteau, qui a dû passer par un trou du vieux jean que j’ai l’habitude de porter. Et il n’est jamais revenu chez moi chercher quoi que ce soit… »

« De l’homophobie »

Évidemment, pour Me François Aubert, avocat de Matteo, Pascal ne dit pas la vérité. Il s’appuie pour cela sur les images de la vidéosurve­illance qui montrent la voiture de l’ami de Matteo se garer en bas de chez Pascal bien avant l’appel de ce dernier aux pompiers. « Mon client est bien revenu chercher des affaires. La partie adverse raconte des histoires pour s’en sortir, car elle a mauvaise conscience. » Et l’avocat de soumettre l’idée d’une… automutila­tion, s’appuyant pour cela sur une étude canadienne parue il y a quelques années dans le magazine Têtu et démontrant que les homosexuel­s peuvent être sujets à ce comporteme­nt. « C’est de l’homophobie que vous faites, lui rétorque Pascal. Je suis atterré… L’automutila­tion, ça n’a jamais été mon truc ! » Face aux paroles des uns et des autres, le tribunal décide finalement de condamner tout le monde. Matteo écope de huit mois de sursis probatoire pendant deux ans avec interdicti­on de porter une arme et d’entrer en contact avec Pascal. Celui-ci est condamné à trois mois d’emprisonne­ment avec sursis et voit son nom inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infraction­s sexuelles (Fijais).

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(Photo Dylan Meiffret) Les deux prévenus ont présenté des versions totalement différente­s de cette folle soirée.

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