Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le Laborieux paré pour un lifting très attendu

Laissé à l’abandon depuis près de trente ans, le remorqueur historique des chantiers navals, témoin du lustre industriel de la ville, devrait enfin reprendre des couleurs.

- M. G.

Depuis début mars, ils sont présents chaque dimanche au pied du bateau pour présenter le projet à qui veut l’entendre. « On met le drapeau de l’associatio­n, on discute avec les personnes qui viennent se renseigner – plusieurs dizaines jusqu’à présent – et on prend des adhésions ! » Aen croire Marc Lefebvre, président de l’associatio­n Les Amis du Laborieux -– créée officielle­ment le 13 mars –, le sort du navire suscite « un grand intérêt ». « Les gens le voient pourrir ici depuis trente ans ; ils s’interrogen­t. Beaucoup sont prêts à nous soutenir. Mais on ne parle plus de restaurati­on, car certains pensaient qu’on allait le transforme­r en restaurant ! On parle donc d’un lifting ».

« Retrouver son âme »

Marc Lefebvre le précise d’emblée : « Le Laborieux ne naviguera pas, mais il devrait retrouver ses apparats d’antan ». Compte tenu de l’état de la coque – rongée par la rouille – et du coût d’une hypothétiq­ue remise à flot (chiffrée à 400 000 € il y a quelques années), c’est donc une opération esthétique qui est dans les tuyaux. « Ce navire, l'un des derniers vestiges de la Navale, doit retrouver son âme représenta­tive de l’époque », souligne le président de l’associatio­n. Pour y parvenir, il a réuni autour de lui un groupe d’anciens des chantiers et des Seynois très attachés au patrimoine local (1). Avec l’accord de la Ville, qui est propriétai­re du remorqueur, l’équipe a donc planifié une série de gros travaux de chaudronne­rie, de charpente, de sablage et de peinture. Pour débuter l’opération, explique Marc Lefebvre, «des contacts ont été pris avec le lycée Langevin et nous leur avons fourni la matière première (467 kg d’acier) pour la fabricatio­n d’un capot provisoire. Celui-ci palliera la dépose du roof (la partie centrale du pont) et ce dernier sera refait à l’identique par des élèves de la section chaudronne­rie. Cela fera d’ailleurs partie de leur programme à la rentrée prochaine, pour environ six à huit mois de travail ».

Le capot sera a priori livré le 16 avril, date à laquelle devrait avoir lieu la dépose du roof. «On espère se faire prêter un engin », précise Marc Lefebvre, qui limitera ce jour-là le nombre d’intervenan­ts sur le chantier à une dizaine, pour raison de sécurité.

Avec des entreprise­s seynoises

Le responsabl­e détaille la suite du programme : « On va tout étanchéifi­er et enlever le béton qui stabilisai­t le bateau, mais qui a fait rouiller la coque. Celle-ci est d’ailleurs soudée et non rivetée, donc on pourra changer quelques tôles. Surtout, elle sera sablée par une entreprise seynoise car, chaque fois qu’on aura besoin de faire appel à des profession­nels, on choisira des locaux. Et puis, on redonnera au bateau ses couleurs d’origine. » Comme les visiteurs ne pourront pas monter à bord (toujours pour raison de sécurité), l’associatio­n prévoit de percer des ouvertures sur le flanc. « On installera des vitres en plexiglas qui permettron­t de voir l’intérieur, qui sera éclairé. Et on aimerait y installer des mannequins ressemblan­t aux gars qui ont travaillé dessus, pour leur rendre hommage ».

Enfin, Marc Lefebvre n’oublie pas la partie mécanique. « On a pris contact avec le CFA et a eu un accord pour que les apprentis réalisent un lifting du moteur (le nettoyer et le repeindre). C’est une opération cosmétique car il ne s’agit pas, bien sûr, de le remettre en état de marche ».

Deux ans de travail

Si des partenaria­ts ont pu être noués avec deux établissem­ents de formation, l’associatio­n a néanmoins besoin de réunir des fonds. L’estimation n’est pas bouclée ( «on attend les devis de sablage et de peinture), mais il faudra forcément plusieurs dizaines de milliers d’euros. « On commence à se financer avec les adhésions (10 € )eton reçoit des dons - déjà plusieurs centaines d’euros de la part d’entreprise­s seynoises. Et puis, on a fait une demande d’aide à la mairie et à la Région ». Marc Lefebvre planifie deux années de chantier : «Une pour la préparatio­n, le nettoyage et les travaux à l’intérieur. Puis une autre pour le sablage, la peinture et les finitions extérieure­s ».

Si le plan se déroule sans accroc, Le Laborieux pourrait avoir retrouvé son éclat en 2023. Il pourra d’ailleurs être déplacé par la route. Pour, éventuelle­ment, rejoindre un lieu d’exposition situé plus proche du site des chantiers dont il a contribué aux heures de gloire.

1. Le bureau de l’associatio­n : Gilbert Bressan, viceprésid­ent, Andrée Danielli, secrétaire, Bernard Zorine, vice-secrétaire, Claude Magnin, trésorier, Henri Bressan, vice-trésorier.

 ?? (Photos M. G.) ?? Tous les dimanches, Marc Lefebvre se tient au pied du bateau, à côté du fort Balaguier, pour présenter le projet aux personnes intéressée­s.
(Photos M. G.) Tous les dimanches, Marc Lefebvre se tient au pied du bateau, à côté du fort Balaguier, pour présenter le projet aux personnes intéressée­s.

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