Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Lutte contre la drogue à Nice : une stratégie de « harcèlement »
Priorité absolue du ministère de l’Intérieur, la lutte contre le trafic de drogue dans la préfecture des Alpes-Maritimes, sous l’impulsion du parquet, a changé de méthode depuis juin 2020.
Les policiers de la Sûreté départementale ont mené une opération de lutte contre le trafic de drogue mercredi dans un secteur sensible à Nice. Huit personnes ont été interpellées et sept d’entre elles ont été présentées vendredi après-midi au parquet. Elles ont été incarcérées.
Une information judiciaire pour « association de malfaiteurs, importation et trafic de produits stupéfiants, détention de munitions » a été ouverte. À partir d’un renseignement recueilli en janvier par le groupe de voie publique de la brigade des stups, l’enquête a abouti à ce coup de filet, avec la saisie de 25 000 euros ainsi que de 3,7 kg de cannabis, de cocaïne liquide et d’une centaine de munitions.
Affaire classique ? « Cette action s’inscrit dans le cadre du groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) créé en juin 2020 », affirme Xavier Bonhomme, le procureur de la République de Nice. Une création survenue après des tirs dans l’impasse des Liserons, gangrenée par les trafics, et qui marque le début d’une nouvelle stratégie.
■ Qu’est-ce que le GLTD ?
Le groupe local de traitement de la délinquance de Nice est dédié à la lutte contre la drogue. Il associe les services d’enquête (police nationale, douanes, gendarmerie) avec la police municipale, les bailleurs sociaux, la mairie, les services de la préfecture, les impôts… Une convention a été signée avec l’organisme HLM Côte d’Azur Habitat pour faciliter l’échange d’informations et d’éventuelles procédures d’expulsions de locatairestrafiquants. « Le groupe local de traitement de la délinquance est le pendant judiciaire du Cross, la cellule du renseignement opérationnel sur les stupéfiants, qui, lui, effectue un travail de documentation et d’analyse », explique Jean-Philippe Navarre, procureur adjoint à Nice.
■ Cartographie et harcèlement
« Une stratégie de harcèlement et de déstabilisation des points de vente est menée avec, en parallèle, un travail de fond sur les réseaux d’importations », rappelle JeanPhilippe Navarre, procureur adjoint. Des actions ciblées dans les quartiers difficiles des Moulins, de l’Ariane ou impasse des Liserons sont régulièrement menées avec des résultats parfois spectaculaires. La cartographie des points de vente ou points de deal (au nombre de 81 dans les Alpes-Maritimes) sert de point d’appui à ces opérations de police. « Nous ne sommes pas naïfs, nous n’éradiquerons pas les trafics mais nous déstabilisons les trafiquants, nous compliquons leur travail », souligne Xavier Bonhomme, qui rappelle « qu’il n’existe pas de zones de non-droit à Nice. »
■ Amende forfaitaire
Dans le cadre du pilonnage de certains quartiers, Une procédure simplifiée permet de poursuivre les guetteurs comme complices (en majorité des mineurs) et de saisir l’argent qu’ils possèdent. Les amendes forfaitaires délictuelles à 200 euros contre les consommateurs ou détenteurs de stupéfiants pleuvent également. Près de 300 en 2020 ont été infligées à
Nice qui se situe en 4e position nationale derrière Marseille, Lille et Lyon. « Ces actions répétées viennent en plus alimenter des procédures ultérieures », se félicite Xavier Bonhomme.
■ Des résultats probants ces six derniers mois
(DR)
Novembre : en comparution immédiate, huit prévenus comparaissent pour un trafic. Des peines de 4 ans de prison ferme à effet immédiat sont prononcées. En décembre, huit suspects sont mis en examen avec la saisie de 5 kg d’herbe, 23 kg de résine et plus de 10 000 euros. Toujours en décembre, onze personnes sont mises en examen avec là encore la découverte de drogue, d’argent liquide et d’armes.
Janvier : une famille albanaise qui dirige une importation de cannabis depuis l’Espagne pour le marché de Nice et de Cannes est mise hors d’état de nuire. Plusieurs comptes bancaires et un appartement sont saisis. Condamnés en février à trois ans de prison, ils ont fait appel. Pour le seul mois de janvier, 228 interpellations sur le ressort de NiceMenton sont en lien avec les stupéfiants selon la police des Alpes-Maritimes.
Mars : trois personnes sont interpellées et écrouées. Les perquisitions sont fructueuses avec la découverte de 188 685 euros, 9,2 kg de cocaïne, 8 kg de drogue de synthèse, 13 kg d’ecstasy, 2,3 kg d’herbe de cannabis et des armes de guerre. Toujours en mars, deux personnes sont mises en examen pour un commerce de drogues multiples : cannabis, pollen, huile, cocaïne, MDMA, cocaïne… 21 500 euros sont découverts. Comme souvent, une information judiciaire est ouverte. Autrement dit l’enquête se poursuit sous la houlette d’un juge d’instruction.
En juillet, trente personnes impliquées dans un trafic d’envergure à Nice comparaîtront.