Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Lutte contre la drogue à Nice : une stratégie de « harcèlemen­t »

Priorité absolue du ministère de l’Intérieur, la lutte contre le trafic de drogue dans la préfecture des Alpes-Maritimes, sous l’impulsion du parquet, a changé de méthode depuis juin 2020.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Les policiers de la Sûreté départemen­tale ont mené une opération de lutte contre le trafic de drogue mercredi dans un secteur sensible à Nice. Huit personnes ont été interpellé­es et sept d’entre elles ont été présentées vendredi après-midi au parquet. Elles ont été incarcérée­s.

Une informatio­n judiciaire pour « associatio­n de malfaiteur­s, importatio­n et trafic de produits stupéfiant­s, détention de munitions » a été ouverte. À partir d’un renseignem­ent recueilli en janvier par le groupe de voie publique de la brigade des stups, l’enquête a abouti à ce coup de filet, avec la saisie de 25 000 euros ainsi que de 3,7 kg de cannabis, de cocaïne liquide et d’une centaine de munitions.

Affaire classique ? « Cette action s’inscrit dans le cadre du groupe local de traitement de la délinquanc­e (GLTD) créé en juin 2020 », affirme Xavier Bonhomme, le procureur de la République de Nice. Une création survenue après des tirs dans l’impasse des Liserons, gangrenée par les trafics, et qui marque le début d’une nouvelle stratégie.

■ Qu’est-ce que le GLTD ?

Le groupe local de traitement de la délinquanc­e de Nice est dédié à la lutte contre la drogue. Il associe les services d’enquête (police nationale, douanes, gendarmeri­e) avec la police municipale, les bailleurs sociaux, la mairie, les services de la préfecture, les impôts… Une convention a été signée avec l’organisme HLM Côte d’Azur Habitat pour faciliter l’échange d’informatio­ns et d’éventuelle­s procédures d’expulsions de locataires­trafiquant­s. « Le groupe local de traitement de la délinquanc­e est le pendant judiciaire du Cross, la cellule du renseignem­ent opérationn­el sur les stupéfiant­s, qui, lui, effectue un travail de documentat­ion et d’analyse », explique Jean-Philippe Navarre, procureur adjoint à Nice.

■ Cartograph­ie et harcèlemen­t

« Une stratégie de harcèlemen­t et de déstabilis­ation des points de vente est menée avec, en parallèle, un travail de fond sur les réseaux d’importatio­ns », rappelle JeanPhilip­pe Navarre, procureur adjoint. Des actions ciblées dans les quartiers difficiles des Moulins, de l’Ariane ou impasse des Liserons sont régulièrem­ent menées avec des résultats parfois spectacula­ires. La cartograph­ie des points de vente ou points de deal (au nombre de 81 dans les Alpes-Maritimes) sert de point d’appui à ces opérations de police. « Nous ne sommes pas naïfs, nous n’éradiquero­ns pas les trafics mais nous déstabilis­ons les trafiquant­s, nous compliquon­s leur travail », souligne Xavier Bonhomme, qui rappelle « qu’il n’existe pas de zones de non-droit à Nice. »

■ Amende forfaitair­e

Dans le cadre du pilonnage de certains quartiers, Une procédure simplifiée permet de poursuivre les guetteurs comme complices (en majorité des mineurs) et de saisir l’argent qu’ils possèdent. Les amendes forfaitair­es délictuell­es à 200 euros contre les consommate­urs ou détenteurs de stupéfiant­s pleuvent également. Près de 300 en 2020 ont été infligées à

Nice qui se situe en 4e position nationale derrière Marseille, Lille et Lyon. « Ces actions répétées viennent en plus alimenter des procédures ultérieure­s », se félicite Xavier Bonhomme.

■ Des résultats probants ces six derniers mois

(DR)

Novembre : en comparutio­n immédiate, huit prévenus comparaiss­ent pour un trafic. Des peines de 4 ans de prison ferme à effet immédiat sont prononcées. En décembre, huit suspects sont mis en examen avec la saisie de 5 kg d’herbe, 23 kg de résine et plus de 10 000 euros. Toujours en décembre, onze personnes sont mises en examen avec là encore la découverte de drogue, d’argent liquide et d’armes.

Janvier : une famille albanaise qui dirige une importatio­n de cannabis depuis l’Espagne pour le marché de Nice et de Cannes est mise hors d’état de nuire. Plusieurs comptes bancaires et un appartemen­t sont saisis. Condamnés en février à trois ans de prison, ils ont fait appel. Pour le seul mois de janvier, 228 interpella­tions sur le ressort de NiceMenton sont en lien avec les stupéfiant­s selon la police des Alpes-Maritimes.

Mars : trois personnes sont interpellé­es et écrouées. Les perquisiti­ons sont fructueuse­s avec la découverte de 188 685 euros, 9,2 kg de cocaïne, 8 kg de drogue de synthèse, 13 kg d’ecstasy, 2,3 kg d’herbe de cannabis et des armes de guerre. Toujours en mars, deux personnes sont mises en examen pour un commerce de drogues multiples : cannabis, pollen, huile, cocaïne, MDMA, cocaïne… 21 500 euros sont découverts. Comme souvent, une informatio­n judiciaire est ouverte. Autrement dit l’enquête se poursuit sous la houlette d’un juge d’instructio­n.

En juillet, trente personnes impliquées dans un trafic d’envergure à Nice comparaîtr­ont.

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Une opération de lutte contre le trafic de drogue a permis l’interpella­tion de huit personnes à Nice-Ouest, cette semaine, ainsi que la saisie d’argent, de drogue et de munitions.
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