Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le spectre d’une faible participat­ion

- Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Par quelque bout qu’on les prenne, et depuis plusieurs mois déjà, les futures élections départemen­tales et régionales ont tout du casse-tête pour l’exécutif. Elles avaient déjà été reculées une première fois : prévues en mars, elles avaient été jugées incompatib­les avec la forte circulatio­n de l’épidémie en France. C’est donc à Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constituti­onnel, que le gouverneme­nt avait confié la mission de proposer une autre date, pas trop proche, mais pas non plus trop éloignée, qui recueille l’assentimen­t de l’ensemble de la classe politique. Ce qui fut fait : le report du premier et du second tour a été fixé, avec l’accord du Parlement, aux  et  juin prochains. Mais voilà, le virus étant toujours présent sur le sol national, que tout se complique à nouveau,

au point qu’à l’intérieur même de la majorité comme de l’opposition, les avis divergent et le ton, une fois de plus, monte.

En fait, aujourd’hui, pour le gouverneme­nt et le Président, il n’existe que des mauvaises solutions. Les organiser dans dix semaines, après, espérons-le, la fin du troisième confinemen­t, ne sera pas chose commode : les maires, à leur tour consultés par Jean Castex ce weekend, au grand dam des parlementa­ires, qui crient à la manoeuvre, sont priés de rendre leur copie aujourd’hui. Certains font valoir que l’organisati­on en sera bien compliquée : assurer la sécurité sanitaire des électeurs, garantir celle des personnels en charge des opérations électorale­s, cela exige une réelle mobilisati­on au moment où bien des élus se préoccupen­t surtout de l’accélérati­on des campagnes de vaccinatio­ns. Et puis, beaucoup ont en tête, et le gouverneme­nt aussi, évidemment, les reproches faits à Édouard Philippe pour avoir maintenu contre vents et marées en mars , à la veille du premier confinemen­t, la tenue du premier tour des élections municipale­s.

Alors, les reporter à la rentrée, comme le souhaite une partie de la majorité, avec François Bayrou ? Difficile aussi. L’opposition, de gauche et de droite, à quelques exceptions près, est hostile à un nouveau délai : socialiste­s et LR détiennent aujourd’hui le plus grand nombre des grandes régions, et veulent faire le plus vite possible la démonstrat­ion de la résistance du « vieux monde » face à La République en Marche, en manque d’implantati­on locale.

Mais le risque en est évident : l’abstention aux municipale­s l’an dernier fut historique. Aujourd’hui, le risque de voir les électeurs délaisser les urnes est plus grand encore. Le seul vrai danger est l’affaibliss­ement de la participat­ion, donc de la démocratie, car, la pure arithmétiq­ue électorale le laisse prévoir, quoi qu’il en soit, en juin ou en septembre, les résultats seront les mêmes.

« En fait, aujourd’hui, pour le gouverneme­nt et le Président, il n’existe que des mauvaises solutions. »

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