Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Procès de  policiers marseillai­s de la BAC Nord La paillote du frère d’Yvan Colonna incendiée en Corse

Flics « ripoux » ou « cow-boys » peu regardants avec les procédures ? Le procès de 18 « baceux » commence aujourd’hui.

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Sur les grands écrans, BAC Nord, inspiré de ce dossier qui a défrayé la chronique policière, devait sortir le 23 décembre. Covid-19 oblige, la version judiciaire précédera le film, à partir de ce lundi, devant le tribunal correction­nel de Marseille, jusqu’au 22 avril. Neuf ans après les faits.

Forte de soixante-dix policiers, la BAC Nord (Brigade anti-criminalit­é), chargée notamment de lutter contre les trafics de stupéfiant­s, était alors la meilleure de France, avec plus de 4 000 interpella­tions par an.

La meilleure de France

Si des dealers se plaignaien­t régulièrem­ent d’être rackettés par des policiers, ce sont les accusation­s de deux anciens de la BAC Nord qui vont jeter une lumière crue sur cette unité et notamment ses trois groupes de jours, alors commandés par Jean Fiorenti, 41 ans, Mohamed Chenine, 36 ans, et Bruno Carrasco, 51 ans. Prélèvemen­ts sur les gains des dealers, mais aussi sur leurs marchandis­es, vols des cigarettes de contreband­e saisies sur les revendeurs à la sauvette : « Tout y passe », accuse en octobre 2012 le procureur de Marseille Jacques Dallest, confiant son « sentiment qu’une gangrène a touché ce service ».

L’instructio­n, conclue en juin 2019, stigmatise elle « la réalisatio­n systématis­ée d’infraction­s pénales, (...) chaque opération devenant en réalité prétexte soit à l’attributio­n de produits en vue d’une éventuelle rémunérati­on d’informateu­rs officieux, soit à un enrichisse­ment personnel ».

Sur écoutes, sur leurs téléphones, ou surveillés dans leurs bureaux et leurs voitures, « sonorisés » de mai à octobre 2012, certains policiers se laissent aller : « On commence à avoir un bon petit groupe, où on sait qu’on ferme nos gueules. Ce qui se dit dans la voiture, ça reste dans la voiture », lâche l’un d’eux.

« À la mexicaine »

Il y a aussi cette sacoche contenant

« plus de 2 500 euros », volée à un dealer de la cité des Rosiers, qui permet de « régaler cinq collègues ». Cette perquisiti­on illégale, « à la mexicaine », dans un appartemen­t, où quatre policiers échouent sur le fil à voler 2 000 euros de marchandis­e. Ce

« gitan », selon leurs mots, à qui ils « piquent un peu de pognon », « ça c’était marrant ! ». Ou encore cet homme, « Algérien d’Annaba », contraint de remettre les cigarettes qu’il comptait vendre : « Il est dépité parce que j’ai bouffé son bénéfice ! », raille l’un d’eux.

Parmi les dix-huit prévenus, qui comparaîtr­ont tous libres, trois ont été révoqués après l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont M. Carrasco. Les autres ont écopé d’exclusions temporaire­s ou de blâmes.

La paillote de Stéphane Colonna, frère cadet d’Yvan Colonna, un des membres du commando auteur de l’assassinat du préfet Érignac, a été visée par un incendie samedi à Cargèse (Corse-du-Sud).

Accélérate­ur de feu

Appelés sur place samedi en fin de journée, les technicien­s d’investigat­ion criminelle ont découvert un accélérate­ur de feu, ce qui laisse présager une piste criminelle. Une enquête a été ouverte pour dégradatio­ns par moyens dangereux pour les personnes et confiée à la section de recherches de la gendarmeri­e de Cargèse. Les flammes ont notamment sévèrement touché la cuisine de l’établissem­ent situé sur la plage du Peru à Cargèse. Le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni a ainsi apporté son « soutien fraternel à Stéphane Colonna et à sa famille après l’incendie criminel de son outil de travail ». Yvan Colonna a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat du préfet Érignac le 6 février 1998, tout comme Pierre Alessandri et Alain Ferrandi.

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(Photo illustrati­on AFP) La section de recherches de la gendarmeri­e de Cargèse est en charge de l’enquête.
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La BAC de Marseille dans le collimateu­r de la justice.(Photo AFP)

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