Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Trois lycéens engagés pour les Ouïghours

Trois lycéens ont créé un groupe de soutien pour dénoncer les persécutio­ns contre cette minorité musulmane de Chine. Ils interpelle­nt les élus locaux... et les plus hautes sphères de l’État.

- CARINE BEKKACHE

Dix-sept ans à peine et déjà une maturité à toute épreuve.

Élèves de terminale au lycée Thomas-Edison de Lorgues, Zoë, Ugo et Clément viennent de créer un groupe local de soutien au peuple ouïghour (1), minorité musulmane de Chine réprimée depuis maintenant plus de six ans par le régime de Pékin.

Un engagement humain, «en aucun cas politique », qui répond au récent appel de l’Institut ouïghour d’Europe. « La structure a lancé un appel en direction des volontaire­s souhaitant s’engager pour la cause ouïghoure, précisent les jeunes. Pour inciter à créer des groupes locaux de soutien, un peu partout en France, dont les objectifs sont multiples : informer la population de ce génocide culturel et mettre en place des actions visant à obtenir le soutien des élus locaux, en vue de demander au gouverneme­nt et à l’Union européenne d’engager des sanctions à l’encontre du régime chinois. »

Bien que se trouvant à des milliers de kilomètres de l’empire du Milieu, les lycéens lorguais se sentent pleinement concernés par cette situation, pour laquelle ils n’hésitent pas à prendre fait et cause. « Le futur, c’est nous, les représenta­nts de la jeunesse, sourit le trio. Nous avons la force, l’énergie et le temps de pouvoir nous battre pour les causes qui nous tiennent à coeur, alors pourquoi hésiter ? Il faut y aller ! »

Déterminés, Zoë, Ugo et Clément ont ainsi ouvert un compte Instagram (2), qui compte à ce jour presque 200 abonnés.

« Nous publions régulièrem­ent des posts pour expliquer ce qu’il se passe et sensibilis­er. Car s’informer est déjà un moyen de lutte. »

Une lettre ouverte au ministère de l’Éducation

Les lycéens vont même plus loin dans leur démarche : « Dans les jours qui viennent, nous allons solliciter le maire de Lorgues pour lui demander de signer la charte de solidarité avec le peuple ouïghour. Nous avons également pour projet de demander au député de la circonscri­ption de rejoindre le collectif parlementa­ire de solidarité, qui s’est formé il y a quelques mois. » Dans l’attente de recevoir des retours, qu’ils espèrent de tout coeur favorables, les trois amis ont pris la plume et ont fait parvenir un courrier… rue de Grenelle.

« Nous avons adressé une lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, pour porter la parole de la jeunesse française. Ne rien faire, c’est être complice et nous refusons, à notre humble niveau, de l’être… »

À ceux qui ne les jugeraient pas crédibles, les camarades répondent : « Avec les réseaux sociaux, nos voix comptent autant que celles des autres. Ce n’est pas parce que nous sommes jeunes, que nous ne devons pas être écoutés. Et ce n’est pas parce que nous sommes loin du problème que nous ne sommes pas légitimes pour tenter de le résoudre. Il faut toujours se poser la question : et si c’était nous, à leur place ? 1.Victime de tortures en tout genre et du travail forcé, plusieurs millions de Ouïghours seraient enfermés dans des “camps de rééducatio­n” au Xinjiang, au Nord-ouest de la Chine, soupçonnés par le régime d’être en lien avec des attentats commis ces dernières années. Par ailleurs, une plainte vient d’être déposée par des ONG contre quatre multinatio­nales de l’habillemen­t accusées de tirer profit du travail forcé imposé aux Ouïghours.

2. Les lycéens lorguais ont créé le compte Instagram : @lorgues.foruyghurs.

 ?? (Photo Adeline Lebel) ?? Engagés par ailleurs au sein des antennes locales d’Unicef et d’Amnesty Internatio­nal, Ugo, Zoë et Clément le reconnaiss­ent : « L’engagement fait partie de notre ADN. »
(Photo Adeline Lebel) Engagés par ailleurs au sein des antennes locales d’Unicef et d’Amnesty Internatio­nal, Ugo, Zoë et Clément le reconnaiss­ent : « L’engagement fait partie de notre ADN. »

Newspapers in French

Newspapers from France