Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Je donne tout ce que j’ai »

Même si le report de la rencontre face à Montpellie­r n’était pas acté au moment de cet entretien, Charles Ollivon évoque cette saison particuliè­re et sa relation au RCT.

- PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE MICHELIER

Il aurait dû faire son retour en Rouge et Noir à l’occasion du déplacemen­t au Leinster… Mais vous connaissez l’histoire. Charles Ollivon n’a donc plus porté le maillot du RCT depuis le 24 janvier et la réception du Stade Français. Ce ne sera pas pour ce week-end en raison du report du match face à Montpellie­r (entretien réalisé avant l’annonce du report). Entretemps, il était sous les drapeaux pour défendre les couleurs du XV de France dans un Tournoi à rallonge au cours duquel il n’a pas été épargné par la Covid. Ainsi, depuis le début de la saison le capitaine des Bleus n’a disputé « que » 744 minutes avec Toulon (9 titularisa­tions). Mais désormais de retour à 100 % avec « son club », le grand Charles compte bien rattraper le temps perdu. Prêt à se lancer dans le sprint final de cette saison. Avec une seule idée en tête : accrocher une place dans le Top 6.

Pour commencer, comment allez-vous physiqueme­nt dans cette période pour le moins bizarre ?

C’est vrai que c’est un peu étrange en ce moment, mais ça fait du bien de rentrer au club et de retrouver tout le monde. Malheureus­ement, nous n’avons pas pu disputer cette rencontre face au Leinster, nous en avons cependant profité pour récupérer quand il y avait besoin. Mais nous restons sur le pont, puisqu’avant le match de coupe d’Europe nous avions fait une grosse semaine de préparatio­n.

Qu’est-ce qui est le plus dur dans cette saison : la récupérati­on physique ou mentale ?

La saison est vraiment particuliè­re. Nous avons vraiment l’impression de vivre plusieurs saisons en une seule. Physiqueme­nt, ce n’est pas simple car les compétitio­ns s’enchaînent et il n’y a pas beaucoup de temps de repos. Malgré tout, c’est sympa de pouvoir jouer à la fois pour l’équipe de France et le RCT. Il faut répondre présent et conserver de la fraîcheur mentale en se préparant comme il se doit afin d’affronter les échéances.

Le tennisman Benoit Paire évoquait ce week-end sa lassitude de jouer sans public. Comprenez-vous ce sentiment ? Ce serait mentir de dire qu’actuelleme­nt c’est aussi sympa de jouer dans des stades vides que lorsqu’il y a le public de Mayol qui chante ou qui nous fait le Pilou-Pilou. Il manque une certaine flamme chez tous les joueurs. Nous faisons du sport pour partager des émotions. Maintenant, il y a beaucoup de personnes qui sont dans le malheur. Nous avons la chance de travailler et de pratiquer notre passion. Nous devons essayer de donner du plaisir aux gens car nous sommes tout de même des privilégié­s.

Cette absence de public semble en tout cas changer la donne sur le plan sportif. En rugby, comme en football, les victoires à l’extérieur sont plus nombreuses…

C’est difficile de chercher une excuse derrière cela. Mais évidemment ça joue, il y a une étincelle en mois. Le soutien des proches, des supporters… ça pousse à se transcende­r. Après, cela reste difficile de mesurer à quel niveau cela a une incidence.

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Nous sommes là pour nous qualifier ”

Finalement, même si cela fut rude, l’annulation du match face au Leinster relève presque du luxe, avec trois semaines de coupure à la clé…

Ce n’est pas une aubaine, car nous aurions aimé défendre nos chances contre le Leinster. Mais il y a certaines choses que nous ne maîtrisons pas. Il faut faire avec et avancer dans tous les cas, peu importe ce qu’il y a sur notre route. Il faut s’adapter encore une fois, ce qui est un peu notre quotidien depuis le début de cette saison.

Si l’on prend votre cas et celui des autres internatio­naux, vous étiez rentré de sélection, vous aviez été remobilisé par le staff pour finalement apprendre l’annulation du match quelques heures avant le coup d’envoi… Nous avions fait une bonne semaine d’entraîneme­nt, après c’est notre boulot. Nous sommes là pour nous entraîner dur et préparer les matches. C’est un peu un coup du sort, car nous avions mis pas mal d’énergie. Ne pas arriver au match c’est un dur, mais on relève la tête et on repart au combat.

Vous avez retrouvé le groupe toulonnais après la défaite à Lyon (-). Dans quel état étaient les troupes ?

Je n’étais pas à Lyon, donc ce n’est pas à moi de juger. Cela s’est passé comme ça… Nous avons débriefé cette rencontre et nous avons switché sur la suite. Ce n’est pas la peine de ressasser la défaite et ce non-match. L’important, désormais, est de se mobiliser pour la suite de compétitio­n.

La période internatio­nale a été plus longue qu’habituelle­ment. Comment avez-vous vécu ces semaines loin du club ?

Lorsque l’on est appelé en équipe de France, on quitte le club. C’est une évidence, mais c’est comme ça. On laisse les copains, on en retrouve d’autres… on est un peu entre les deux. Tant qu’il y aura des doublons, ça restera comme ça : les internatio­naux regarderon­t les copains du club jouer à la télé... Mais c’est aussi une chance d’être en équipe de France. Il faut gérer les deux. Ce que je peux vous dire, c’est que nous, les Toulonnais, étions pleinement concernés par ce qu’il se passait au club pendant que nous n’étions pas là. Nous avions les joueurs au téléphone, nous étions à leur soutien. Nous restions en contact avec le staff comme à chaque fois. Avec Baptiste (Serin) nous avons eu Patrice (Collazo) plusieurs fois au téléphone pendant que nous étions à Marcoussis. Après, lorsque l’on revient au club, on se remet vite dans le bain.

Avant de rejoindre les Bleus, vous avez été capitaine du RCT à plusieurs reprises. Vous l’êtes également en équipe de France. Le rôle est-il différent ?

Je pense que cela ne s’appréhende pas de la même façon. Après, bien entendu, tout dépend des groupes et des mecs avec qui l’on est, mais le rôle n’est pas tout à fait le même en sélection et en club.

À Toulon, Baptiste devait l’être sur le match de coupe d’Europe, je suis à  % derrière lui. C‘est quelqu’un qui donne beaucoup et je sais que tout le monde sera à fond derrière lui pour la fin de saison. L’intérêt collectif prime avant tout, je suis très content que les choses se déroulent comme ça. Toute l’équipe y gagne.

Nous entrons dans la dernière ligne droite de la saison : comment l’abordez-vous sur le plan collectif ?

Il n’y a pas   questions à se poser. Il reste six rencontres à disputer sur la phase qualificat­ive, c’est très simple. Il n’y a pas de calcul à faire. À nous de tout donner à chaque fois. Nous nous sentons bien entre nous, forts. Nous sommes là pour nous qualifier. L’objectif est très simple.

Ce groupe a souvent été dans la réaction. Comment l’expliquezv­ous ?

C’est vrai que nous avons connu des passages un peu compliqués. C’est difficile de l’expliquer. Nous avons mis le doigt dessus et nous avons travaillé en conséquenc­e ces dernières semaines afin d’y remédier. Il nous tarde de mettre en pratique tout ça.

Vous êtes en dehors du Top , cette position du chasseur plutôt que du chassé vous correspond-elle mieux, dans le sens où il n’y a plus à réfléchir ? Nous ne pouvons pas dire que cela nous va mieux. Nous sommes là pour nous qualifier, être hors des six ne nous convient pas. Je ne conçois pas que cela puisse nous aller. Nous travaillon­s dur pour remettre les choses à leur place.

Vous êtes à Toulon depuis . Sportiveme­nt et humainemen­t avez-vous trouvé votre bonheur ici?

Clairement, Toulon c’est mon club. Je me sens pleinement épanoui. La vie a fait que j’ai

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noué des liens particulie­rs avec le RCT. C’est assez fort ce que je ressens. J’aime le RCT, je continuera­i de défendre ces couleurs et à tout donner. L’implicatio­n que j’ai et l’énergie que j’y mets… ça continuera. Cette histoire est particuliè­re depuis le début. Je me suis construit à travers ce club. Chaque personne que j’ai pu rencontrer, entraîneur­s comme dirigeants, m’a fait grandir. Toulon, c’est un tout pour moi. Je suis reconnaiss­ant et je donne tout ce que j’ai au club. (1) En avril 2017, il se blesse une première fois à l’omoplate avant de rechuter un an plus tard.

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(Photo D.L) Le capitaine des Bleus se dit « reconnaiss­ant » et « prêt à tout donner pour le RCT ».
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