Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Du jamais vu dans l’histoire du Brésil »

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Le mois de mars a été de loin le pire pour le Brésil aux prises avec une épidémie de coronaviru­s qui a fait exploser tous les compteurs, avec quelque 60 000 morts, des hôpitaux débordés, des médecins obligés de trier les patients. Du 1er au 30 mars, le coronaviru­s a tué 66 573 personnes en mars au Brésil, plus de deux fois plus qu’en juillet 2020, qui avait été le mois le plus meurtrier de la première vague de la pandémie (32 881 morts), selon les données officielle­s.

Un demi-million de morts en juillet ?

« Nous n’avons jamais vu dans l’Histoire du Brésil un seul événement tuer autant de gens en 30 jours », se désole Miguel Nicolelis, ex-coordinate­ur du Comité scientifiq­ue formé par les États du Nord-est contre la pandémie.

« Nous sommes au pire moment, avec des records de morts et de contaminat­ions, ce qui signale qu’avril sera encore très mauvais », déclare l’épidémiolo­giste Ethel Maciel, professeur­e à l’Université fédérale d’Espirito Santo (UFES). En un peu plus d’un an, la Covid19 a fait au Brésil près de 355 000 morts, un bilan seulement surpassé par les États-Unis.

Pour le Dr Nicolelis « il est très possible » que le Brésil « atteigne le demi-million de morts d’ici à juillet ».

Au cours du mois de mars, le record des décès quotidiens a été battu trois fois, pour atteindre mardi 3 780, avec une moyenne glissante sur sept jours de 2 710 morts, quasiment quatre fois plus qu’en janvier.

L’effroyable tri des patients

Les hôpitaux sont quasi saturés : dans 18 des 27 États brésiliens, 90 % des lits en soins intensifs réservés au covid sont occupés, dans sept autres le taux est de 84 % à 89 %, d’après le dernier bulletin de la Fondation Fiocruz. Dans plusieurs États, le personnel soignant a déjà commencé à accorder les lits en soins intensifs aux patients les plus à même de survivre. « Nous sommes arrivés à une situation tout à fait tragique, qui ressemble à celle de l’Italie » au début de l’an dernier, ajoute Ethel Maciel.

Ainsi au moins 230 malades confirmés ou suspectés du coronaviru­s sont morts en mars faute d’avoir trouvé un lit en soins intensifs dans la région de Sao Paulo, capitale de l’État le plus riche du pays, selon TV Globo.

Les médecins attribuent la violence de cette deuxième vague à plusieurs facteurs : relâchemen­t des précaution­s sanitaires lors des fêtes de fin d’année puis de carnaval, émergence de variants plus contagieux et absence de politique nationale de lutte contre la Covid dans le pays de Jair Bolsonaro, qui vient de nommer son quatrième ministre de la Santé.

Les États de la Fédération, notamment Sao Paulo et Rio de Janeiro, ont adopté ces dernières semaines des mesures de restrictio­ns partielles de l’activité et des mouvements de population.

Mais les effets de ces mesures, par ailleurs jugées insuffisan­tes par les médecins et très diversemen­t respectées, mettront du temps avant de se faire sentir.

Pendant ce temps, la campagne nationale de vaccinatio­n lancée mijanvier avance trop lentement pour avoir un effet notable avant de longues semaines, voire de mois.

À ce jour, environ 8 % de la population brésilienn­e a reçu une première dose de vaccin et seulement 2,3 % la seconde avec le vaccin chinois et l’AstraZenec­a.

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(Photo Joedson Alves/EPA/MAXPPP) Le nombre de décès est désormais surpérieur­s à  .

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