Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Trois ans de prison pour le forcené d’Esparron

Le 8 janvier 2020, Hervé F. avait séquestré sa fille pendant 30 h avant d’être délogé par le GIGN. Sous l’emprise d’amphétamin­es, il reconnaît avoir « pété un plomb »

- V. W.

Un « burn-out familial ». C’est la principale explicatio­n donnée mardi encore à la barre du tribunal correction­nel de Draguignan par Hervé F. pour expliquer son comporteme­nt du 8 janvier 2020 à Esparron-de-Pallières. Un épisode dépressif, conséquenc­e d’une plainte pour violences conjugales et d’une convocatio­n chez le juge aux affaires familiales, qui l’a conduit à séquestrer pendant près de 30 heures sa fille de 3 ans, obligeant finalement le GIGN à intervenir le 10 janvier un peu après minuit. Sur les gendarmes, le quadragéna­ire avait alors ouvert le feu à deux reprises.

Le prévenu s’en défend, ne reconnaiss­ant qu’un seul tir, en l’air, au moment de son interpella­tion. L’assaut n’avait fait aucun blessé.

Les santons « bougeaient »

C’est pourtant lui qui, ce jour-là, les a appelés par trois fois à l’aide. Se plaignant de tirs d’armes à feu dans le village, s’inquiétant pour sa mère et sa soeur, et affirmant que la famille de son ex-compagne était en voie de radicalisa­tion. Tout cela n’était pourtant que le fruit de son imaginatio­n, pervertie par une prise d’amphétamin­es qui dure depuis des années. En plein délire, il refuse de sortir de son habitation et de laisser sa fille rejoindre sa grandmère qui vit à 50 mètres de là. À force de négociatio­n et grâce à l’appui des pompiers, il accepte finalement de confier sa fille et d’être hospitalis­é. Mais quand il atteint, sous le regard des gendarmes, le palier de chez sa mère, il se jette à l’intérieur de l’habitation qu’il ferme à clé. Le major Chabaud décide alors de briser une vitre. Dans la foulée, Hervé se saisit d’un fusil et le braque, utilisant sa fille comme bouclier. En quelques minutes, la mère et la soeur d’Hervé parviennen­t à sortir, mais l’homme choisit de rester à l’intérieur avec son enfant. Il coupe l’électricit­é et casse son téléphone. Pendant trente heures, à la seule lueur de bougies, il se cloître. Débute une insupporta­ble attente. « Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps, le questionne la présidente Marie-José Coureau-Vergnolle. - Je me suis occupé de ma fille, comme il faut. » Il a aussi tué son chien « parce qu’il m’avait mordu » et tiré en direction de santons, « car ils bougeaient »…

«Je prenais du speed pour tenir »

Déjà interné par le passé, Hervé a été hospitalis­é au centre Henri-Guerin de Pierrefeu dès son arrestatio­n avant d’être incarcéré. S’est alors posée la question de l’altération de son discerneme­nt. Mais pour l’expert psychiatre, si Hervé F. souffre bien de troubles de la personnali­té, c’est la prise de stupéfiant­s qui l’a mis dans cet état. « J’étais fatigué, à bout, avoue l’intéressé. Je m’étais arrangé avec la mère de ma fille pour m’en occuper car elle vivait dans un foyer. Je gérais tout… Je prenais du speed pour tenir. » Jusqu’à en craquer… Pour l’ensemble de son oeuvre, il a été condamné à trois ans d’emprisonne­ment et cinq ans de suivi socio-judiciaire avec notamment une injonction de soins.

 ?? (Photo Hélène Dos Santos) ?? Hervé F. avait séquestré sa fille de trois ans durant une trentaine d’heures dans l’habitation de sa mère. Il avait fallu l’interventi­on du GIGN pour déloger le forcené.
(Photo Hélène Dos Santos) Hervé F. avait séquestré sa fille de trois ans durant une trentaine d’heures dans l’habitation de sa mère. Il avait fallu l’interventi­on du GIGN pour déloger le forcené.

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