Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une nature à découvrir dans les assiettes

Environnem­ent Le départemen­t est une mine de biodiversi­té gage de territoire­s sains. Un patrimoine génétique qu’il est essentiel de préserver pour l’avenir.

- Dossier : P. J. Photos : Clément Tiberghien

Prendre le temps, ouvrir les yeux, sentir, toucher. Revenir à l’essence même de la vie, à l’essentiel, à la nature, à la terre nourricièr­e. Se rappeler que chaque fruit, chaque légume puise ses racines dans l’environnem­ent sauvage, modifié de mains d’homme pour son propre profit…

Se promener avec Marjorie Ughetto, c’est pénétrer dans un monde par trop oublié, et découvrir que des végétaux a priori insignifia­nts, voire dédaignés ou haïs, sont une source de nourriture, de saveurs et de délices insoupçonn­és.

Nature et découverte…

Et ne lui parlez surtout pas d’adventices ou de mauvaises herbes face à un carré de verdure sans intérêt de prime abord. Car elle pourrait y passer des heures et prouver avec une passion communicat­ive que ces plantes sont comestible­s, médicinale­s ou utiles au sol. Chacune d’entre elles a, bien évidemment, sa déclinaiso­n scientifiq­ue. Mais aussi un sobriquet provençal évocateur, léger ou souriant, voire une petite histoire à raconter.

« Herbe aux coeurs », « Main de voleur », « Côtelette des lapins », « Peignes de Vénus »… peuplent lentement le panier et dessinent une salade où des fragrances surprenant­es le rivalisent avec des couleurs à dévorer du regard, avant de s’offrir au palais.

« Mais attention, prévient Marjorie, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi (lire ci-contre). Il faut apprendre à petits pas. Il est inutile de vouloir cueillir 25 plantes dès le début. Il faut se renseigner en cas de doute. Ne ramasser que des plantes saines et parfois certaines parties seulement de la plante, les autres n’ayant pas de valeur gustative ou étant toxiques. »

Autodidact­e très avertie Et c’est tout l’objet de l’apprentiss­age qu’elle dispense tant auprès des scolaires que des amateurs qui pourront bientôt voler de leurs propres ailes et trouver prétexte à de belles balades en famille. Dans un rayon de 10 km : ce n’est pas bien difficile à réaliser dans le départemen­t… Installée dans le Var depuis 22 ans, à Saint-Raphaël, Le Beausset puis Montauroux, la naturalist­e au savoir encyclopéd­ique n’est pas venue à la nature par hasard. Bien que géologue de formation, un père féru de botanique et une maman cueilleuse invétérée de plantes sauvages l’ont naturellem­ent poussée à changer de vie.

Avec ce paradoxe qu’il n’existe pas de formation spécifique­ment consacrée à la matière et qu’un long travail d’autodidact­e s’est imposé pour aspirer à transmettr­e ses connaissan­ces aux autres. « Je voulais vivre dehors, au contact du vivant, humain ou non. Chaque jour j’apprends. La curiosité des personnes que j’accompagne me fait progresser. Sachant qu’au-delà de la vulgarisat­ion, le langage scientifiq­ue est obligatoir­e, surtout si l’on transmet son savoir » ,indique-t-elle, un brin amère de ne pas pouvoir poursuivre ses activités au grand air pour cause de Covid… Ce qui ne l’empêche pas de proposer ses services aux particulie­rs qui ignorent les merveilles de biodiversi­té peuplant leurs terrains, friches ou jardins (1).

La garantie du futur

« La grande biodiversi­té prouve qu’un territoire est sain. Nos paysages ont du goût ! », lance-t-elle.

D’ajouter : « Il est important de comprendre que cette diversité qui nous entoure peut assurer notre futur alimentair­e. Car elle représente la garantie génétique de l’avenir. À titre d’exemple, les plantes sauvages co-évoluent avec les ravageurs, elles ont des facultés d’adaptation au réchauffem­ent climatique. Elles sont donc plus résiliente­s que les végétaux modifiés par l’homme au fil des siècles, car la domesticat­ion n’a pas sélectionn­é la faculté que les plantes ont à se défendre ! Si le chou disparaît, il faudra bien revenir à son ancêtre sauvage pour le faire renaître. »

Il n’est que de voir la scorzonère, alias la « galinette » qui n’est autre que la souche de nos actuels salsifis !

Tirer des salades avant de passer à table, voilà un délicieux voyage qui ne peut laisser indifféren­t. Et invite à un respect de ce que l’on croit inutile, mais qui ne l’est finalement jamais… Marjorie, la bien nommée nous l’apprend avec amour…

Marjorie Ughetto : 06.08.33.00.68. https://www.marjorieau­tresregard­s.com ou encore : www.linkedin.com/in/ ecoguidema­rjorieautr­esregards/

enfin : www.facebook.com/BaladesNat­uralistes.fr

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 ??  ?? Si le territoire est sain, il y a encore des salades sauvages, indique Marjorie Ughetto, passionnée par la transmissi­on de son savoir encyclopéd­ique.
Si le territoire est sain, il y a encore des salades sauvages, indique Marjorie Ughetto, passionnée par la transmissi­on de son savoir encyclopéd­ique.

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