Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un dispositif « utile » mais difficile à obtenir
Devenir bénéficiaire de « MaPrimeRénov’ » n’est pas de tout repos. Exemple avec Pascal et Magali, propriétaires heureux au Revest, qui sont venus à bout d’un sacré parcours du combattant.
Pascal Morel et Magali Pastorelli ne pensaient pas, un jour, pouvoir habiter au Revest-les-Eaux. « On croyait que c’était trop cher pour nous... avoue la trentenaire, fonctionnaire à Toulon. Et puis on est tombé sur cette maison des années cinquante, au pied du vieux village. » D’emblée, son compagnon, paysagiste, flaire la bonne affaire et surtout le potentiel qu’offre la villa. « Nous avons gardé les quatre murs, et tout le reste a été détruit, raconte-t-il tout en ponçant les joints de plaques de plâtres du futur salon. Il y a eu sept mois de travaux. Nous emménageons le 17 avril. On va essayer de finir au maximum d’ici là. »
La facture ne convient pas
Dans les milliers d’euros dépensés pour la remise en état de leur bien, le couple a pu s’appuyer sur le dispositif « MaPrimeRénov’ » en ce qui concerne le vitrage. « Avec toutes les publicités faites autour, on avait entendu parler de cette possibilité, explique Magali. Je suis allée voir sur Internet. Si leur site est bien fait, la démarche pour en bénéficier avait l’air compliqué...» C’est donc l’entreprise en charge des travaux, Var Pose
Alu, qui a pris le relais, montant le dossier et adaptant même la date de son devis en fonction des obligations de « MaPrimeRénov’ ». « Mais même là, tout n’a pas été simple » sourit la propriétaire.
C’est d’abord l’attestation RGE de l’entreprise qui fait défaut. « Var Pose Alu possède bien ce label mais l’entreprise n’était pas référencée à l’Anah (Agence nationale de l’habitat). C’est donc moi qui aie dû la fournir à MaPrimeRénov’. » Une fois les travaux effectués, c’est la facture qui ne convient pas. « L’Anah m’a répondu que le coefficient – je ne sais pas à quoi ça correspond –n’allait pas. Heureusement, nous avions de bons rapports avec l’entreprise, qui nous a fourni la facture souhaitée par l’administration. Il a fallu s’y reprendre à plusieurs fois quand même...»
Dernier écueil, les justificatifs de domicile, qui n’étaient plus valables. « Dans le doute, je leur ai donné l’acte de propriété ! » Au final, le couple, qui s’était vu promettre 500 euros d’aides sur les 5 600 euros facturés, a reçu un peu moins de 400 euros.
Des incohérences
« Nous avons été minorés, peut-être parce que nous avons en plus touché le CEE (certificat d’économie d’énergie). Je ne sais pas en fait, je n’ai pas eu d’explication. »
Ces difficultés dans l’obtention de la prime ne sont pas rares. A., agent immobilier dans le centre Var, se heurte souvent à la complexité – « et parfois aux incohérences » –du système. « Sans rien enlever aux bienfaits du dispositif, qui reste quand même super intéressant, je ne suis pas d’accord quand le gouvernement parle de succès. Car il y a encore beaucoup de choses à améliorer. » En premier lieu pour les propriétaires bailleurs qui, s’ils peuvent bien déposer dès à présent leur demande de prime, ne verront celle-ci étudiée et versée qu’à partir de juillet, contrairement aux autres propriétaires. « Vous imaginez si une personne se lance dans les travaux en pensant rentrer dans le cadre mais qu’au final, pour une mauvaise case cochée ou autre, la prime n’est pas versée ? Il ne faut pas croire que la majorité des propriétaires bailleurs sont rentiers...»
« Toujours ça de pris »
Bref, la gestionnaire de biens a comme « l’impression qu’on a voulu mettre la charrue avant les boeufs. Ce dispositif est encore jeune. Peut-être que l’Anah est dépassé par les demandes. En tout cas, il est très difficile de les avoir au téléphone. Et quand c’est une petite structure qui est en charge des travaux, elle n’a peutêtre pas le temps, ni les compétences pour guider son client. » « Je peux comprendre que l’État ait mis des garde-fous, car ce sont nos impôts qui permettent de verser cette prime, tempère Julien. Et même si nous n’avons pas obtenu une grosse somme, c’est toujours ça de pris. Il fallait être motivé pour en bénéficier. » Mais à trente ans et des rêves plein la tête, ce n’est pas quelques obstacles administratifs qui allaient le freiner.