Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Cavalaire : la justice ordonne l’arrêt des travaux sur la plage des Flots Bleus

- VINCENT WATTECAMPS

Sur la Promenade de la mer de Cavalaire, près du rondpoint de l’Europe, le vent bat avec vigueur les bâches de protection du chantier du restaurant de plage Les Flots Bleus, dont la constructi­on remonte à 1960. Derrière, pas un ouvrier. Les échafaudag­es, en cours de démontage, ne laissent qu’entrevoir la transforma­tion de l’établissem­ent, permise par un permis de réhabilita­tion et d’agrandisse­ment délivré par la mairie en octobre 2017.

Une transforma­tion trop importante aux yeux de la justice qui a ordonné le 6 avril, par une décision rendue en référé, l’arrêt des travaux. Se basant notamment sur un constat d’huissier du 18 février diligenté par deux associatio­ns (1), le tribunal administra­tif de Toulon a estimé que les travaux en cours « tiennent à la démolition de la structure existante et la reconstruc­tion à neuf d’un bâtiment, ainsi qu’à un agrandisse­ment en béton armé reposant sur une dalle de plancher ». Ces travaux n’apparaisse­nt donc pas conformes au permis de construire « s’agissant de la démolition et de l’extension en structure non démontable ».

Démolition ou rénovation ?

Le tribunal a donc sommé la mairie de prescrire par arrêté, dans un délai de 72 heures, l’interrupti­on des travaux réalisés par la SCI Stepan. Ce qui a été fait. Le premier édile Philippe Leonelli devra donc patienter avant de voir disparaîtr­e ce point noir architectu­ral qui lui fait « honte » depuis des années. C’était dans cette optique que ses services avaient accompagné­e en 2017 ce projet, qui prévoyait au départ une réhabilita­tion du bâtiment actuel (180 m2 de surface existante) et un agrandisse­ment de 32 m2 en structure démontable.

« Or, l’existant a été totalement démoli, pointe Henri Bonhomme, président du Comité de sauvegarde de la baie de Cavalaire, et qui suit d’un oeil attentif toute cette affaire. Le propriétai­re des lieux, Nicolas Patacchini, nous avait expliqué qu’il en avait été contraint sans quoi il n’obtiendrai­t pas la garantie décennale, étant donné l’état de la partie basse du bâtiment. »

Contacté, ce dernier dément les propos de l’associatio­n mais réserve ses réponses aux institutio­ns administra­tives et judiciaire­s. Il a quand même tenu à préciser ses regrets de « voir qu’une associatio­n environnem­entale se lance dans des interpréta­tions techniques qui n’ont pas lieu d’être. M. Bonhomme n’est pas expert en bâtiment. Aujourd’hui, le permis de construire est respecté à la lettre. Et il est toujours valide. D’ailleurs, la partie démontable existe bel et bien ».

« Maintenant, j’ai une grosse verrue »

Du côté du maire, la colère envers le propriétai­re est palpable. « J’avais une verrue. Maintenant j’ai une grosse verrue… Le permis a été déposé dans les règles. Et puis, un matin, comme j’ai l’habitude de courir sur le front de mer, je me suis aperçu que des blocs à bancher étaient dressés. Cela m’a inquiété et j’ai saisi les services compétents. » En parallèle de la procédure initiée par les associatio­ns – en réaction diront certains – le maire a donc fait établir un procès-verbal d’infraction et entamé le 24 mars un projet d’arrêté interrupti­f de travaux. Saisi en référé par les associatio­ns, le tribunal administra­tif a accéléré le mouvement. Nicolas Patacchini, qui escomptait une fin des travaux avant le début de la saison estivale, ne sait pas aujourd’hui si son établissem­ent pourra ouvrir à temps. Pour le moment, ce sont les fondations de sa défense qu’il est en train de poser, afin que cet arrêt ne reste que « temporaire ».

1. Le Comité de sauvegarde de la baie de Cavalaire et l’Union départemen­tale pour la sauvegarde de la vie, de la nature et de l’environnem­ent - France Nature Environnem­ent (UDVN-FNE 83).

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(Photo R.P.) Un huissier avait constaté le  février que les travaux effectués au restaurant de plage Les Flots Bleus n’étaient pas conformes à l’arrêté de permis de construire délivré en octobre .

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