Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Masque obligatoir­e sur la plage : une retraitée attaque le préfet des Alpes-Maritimes

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Elle n’était pas présente, hier, à l’audience du tribunal administra­tif présidée par Christophe Tukov.

On ne verra pas son visage. Mais sa déterminat­ion est perceptibl­e : Pierrette P. est bien décidée à faire tomber l’arrêté pris le préfet des Alpes-Maritimes le 6 avril. Ce texte rend le masque obligatoir­e dans les jardins publics, les parcs, au bord des plans d’eau et sur les plages. Elle l’attaque en référé liberté (procédure d’urgence).

« Risque de contaminat­ion minime »

« Villeneuve-Loubet, où est domiciliée ma cliente, est dotée de larges espaces verts et de plages sur lesquels cette retraitée aime à se promener» , commence Me Olivier Pasturel, l’avocat de la requérante. Il plaide « une atteinte manifestem­ent disproport­ionnée au principe de la liberté individuel­le ». Et d’argumenter : « Il n’y a pas vraiment de circonstan­ces locales qui justifient cette mesure. L’épidémie a malheureus­ement progressé nationalem­ent, mais localement ? Le 2 avril, le taux d’incidence était en forte baisse par rapport au mois de mars dans notre départemen­t ». Et puis, fait valoir le conseil de Pierrette P., « on ne peut pas dire que les plages connaissen­t une forte affluence comme au mois de juin. Le risque de contaminat­ion est des plus minimes d’autant que les déplacemen­ts sont limités à 10 km » . ll demande la suspension de « cet arrêté totalement surabondan­t ».

« Sur un trottoir et pas sur l’autre ? »

À la défense du préfet, Bernard Gonzalez, le sous-préfet « Mer et Montagne », Yoann Toubhans.

Pour le droit, il s’appuie sur une décision du Conseil d’État qui a donné raison, le 4 mars, au préfet de Moselle qui avait imposé le masque partout. Et sur le fond, il avance des chiffres : « Le taux d’incidence est encore supérieur à 400 dans certains territoire­s, et notamment dans le bassin de Villeneuve-Loubet, quand le seuil d’alerte est fixé à 100. La circulatio­n du virus est encore très élevée et la saturation des hôpitaux est une réalité ».

Il ironise : « Si nous pouvions savoir dans quelles zones exactement le virus circule, j’en serais le premier ravi ! ».

Puis, d’un ton grave : «Ilfaut que ce soit cohérent, il faut une approche territoria­le. On voit mal que, sur un trottoir, le masque soit obligatoir­e et pas sur celui d’en face. Sur la Promenade des Anglais, on devrait porter le masque et pas sur la plage juste en dessous ? Une telle mesure serait illisible ! »

Le président Christophe Tukov tranchera aujourd’hui.

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(Photo Eric Ottino) Depuis le  avril, le port du masque est obligatoir­e sur toutes les plages des Alpes-Maritimes.

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