Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Marine Le Pen et Éric Zemmour, le pacte impossible
Ils l’ont montré pendant leur voyage en Occitanie la semaine dernière. À eux deux, Marine Le Pen et Éric Zemmour seraient un candidat idéal de la droite extrême : la première trouve ses électeurs chez les jeunes ainsi que dans les classes populaires, ouvriers et non diplômés. Le second séduit plutôt les catégories aisées, les plus de ans, cadres ou professions libérales. On comprend que Robert Ménard, le maire de Béziers, proche de Marine et d’Eric, qu’il tutoie l’un et l’autre, ait eu l’idée de leur demander de signer un pacte politique : en février (aujourd’hui c’est encore un peu tôt), celui qui est le second, ou la seconde, dans les intentions de vote, se rallierait spectaculairement au premier. Et leurs deux électorats ne manqueraient pas de se réunir, vieux et jeunes confondus, bourgeois et prolétaires. Sur le papier, le calcul est limpide. Seulement voilà : en politique, et ne font jamais , les électeurs font ce qu’ils veulent et n’écoutent pas les consignes données par d’autres, et surtout les ego, le plus souvent, jouent un rôle prédominant. Ainsi Marine Le Pen, dont l’objectif, affiché depuis , est la conquête de l’Élysée, entend bien poursuivre sa route en tête, sans envisager le moindre pacte que ce soit avec Éric Zemmour, du moins avant le premier tour de l’élection présidentielle. Et celui-ci, tout entier concentré dans son ascension personnelle, a repoussé avec hauteur la proposition du maire de Béziers. Il n’a, dit-il, aucune envie d’être Premier ministre de Marine Le Pen. Il ne vise (encore ne le dit-il pas carrément) que la présidence de la République.
Il se revendique sans modestie, ce faisant, du général de Gaulle, qui ne préoccupait pas de « l’intendance ». Comme lui, Éric Zemmour se voit dominant par ses idées et fixant un cap. Cela le dispenserait sans doute d’aborder, lorsqu’on lui demandera son programme, les questions économiques, dont il n’est pas expert.
Il reste que son existence même menace Marine Le
Pen, puisque ce sont ses voix que le polémiste en ce moment grignote, sondage après sondage. Son rival, de ce point de vue, peut se révéler son plus redoutable adversaire. Elle ne peut pas le critiquer frontalement, puisqu’elle veut récupérer ses électeurs si elle parvient au second tour. Il faudra le faire plus finement, en soulignant certes son accord avec Zemmour, sur l’immigration - elle a un temps d’avance en la matière -, mais en rappelant que ses propositions sociales, dont la retraite à ans, font d’elle la seule candidate populaire, tandis qu’Éric Zemmour, lui, reste dans le camp du libéralisme.
« Il n’a aucune envie d’être son Premier ministre... »