Var-Matin (Grand Toulon)

Assises: l’avis des experts sur les crimes marseillai­s

Sofiene Moussaoui nie être mêlé à un meurtre et une tentative de meurtre dans les quartiers sud, pour le trafic de stupéfiant­s. Une seule arme a été utilisée. Son ADN est sur la crosse

- G. D.

Au deuxième jour du procès en appel de Sofiene Moussaoui, 26 ans, la cour d’assises du Var est entrée hier dans le vif du sujet, par le truchement des experts. Toute la journée, se sont succédé les spécialist­es consultés pour la tentative de meurtre sur Vincent Bruno, le 11 août 2012 à Marseille, et le meurtre de Benamar Hamidi le 25 août suivant. Deux crimes que l’accusé nie totalement.

Les deux victimes se connaissai­ent

Vincent Bruno, alors âgé de 20 ans, avait été pris pour cible par un tireur casqué, alors qu’il marchait dans une ruelle de Mazargues. Le médecin légiste a conclu qu’il avait reçu quatre balles, dont la première dans le dos, qui avait touché le foie et provoqué sa chute. L’une des trois autres lui avait fracturé une cheville. Le tireur s’était approché pour lui loger une balle dans le front, mais l’arme s’était enrayée à trois reprises. Deux semaines plus tard, c’est Benamar Hamidi, un proche de Vincent Bruno, qui tombait sous les balles d’un tueur pilotant un gros scooter blanc. Il avait été atteint par cinq tirs dans le thorax et l’abdomen, le premier de face et les autres dans le dos. Il avait succombé trois heures plus tard à l’hôpital.

La même arme

Certaines des balles étaient restées incluses dans les corps des victimes. Le spécialist­e en balistique de la police scientifiq­ue de Marseille a conclu qu’elles avaient toutes été tirées dans la même arme. Une arme d’un calibre de 8 mm, plutôt rare en matière criminelle. En l’occurrence, il s’agissait d’un revolver d’ordonnance de la manufactur­e de SaintEtien­ne. Un modèle 1892, en dotation dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Un revolver de ce type avait été saisi dès le lendemain du meurtre de Benamar Hamidi, en possession d’Akhim Machach. Ce proche de l’accusé avait été arrêté dans un box de garage de l’avenue du Prado, au guidon du même scooter blanc décrit la veille par les témoins du meurtre. Selon lui, un homme, dont il préférait taire le nom, lui avait remis l’arme et le scooter, afin de les faire disparaîtr­e. Pour l’expert, c’est ce revolver qui avait été utilisé dans les deux affaires.

Moussaoui désigné par son ADN

L’expert en empreintes génétiques a pour sa part trouvé l’ADN de Sofiene Moussaoui sur la crosse de ce revolver. Il a également isolé l’ADN de l’accusé sur un casque et une veste, trouvés aux mains d’Akhim Machach près du box. « Machach m’a fait manipuler l’arme qu’il voulait me vendre, a répété Sofiene Moussaoui au président Guyon. Si mon ADN est sur le casque, c’est parce que je le lui ai tenu pendant qu’il cherchait quelque chose. Et la veste est à moi, mais Machach avait l’habitude de prendre des habits chez moi. » Pour la défense de l’accusé, Me Frank Berton (barreau de Lille) a fait observer qu’il n’y avait pas que l’empreinte génétique de Sofiene Moussaoui sur la crosse de l’arme des crimes. De fait, l’expert avait trouvé trois autres ADN, en quantité insuffisan­te toutefois pour être identifiés. La cour doit entendre aujourd’hui les témoins du meurtre de Benamar Hamidi.

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Sofiene Moussaoui a continué à protester de son innocence.

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