Nice : ils ligotent le braqueur et le remettent aux policiers
Sale temps pour les braqueurs à la petite semaine. En quelques jours, deux familles de commerçants viennent de mettre en déroute leurs assaillants dans les Alpes-Maritimes. D’abord samedi à Grasse, au Cash Converters (lire ci-dessous). Hier, l’action s’est déroulée en pleine nuit, dans le quartier commerçant de la rue de la Buffa, à Nice. Dans une épicerie tenue par une famille d’Afghans, débarquée il y a quelques années en France. Ici, le sens de l’accueil n’a d’égal que la gentillesse de ses propriétaires. Il est 4 heures du matin. Chir Agha Stanokzai, 54 ans, vient d’ouvrir sa boutique d’alimentation. Elle n’avait pourtant fermé qu’à minuit. Il s’affaire à arranger son épicerie proprette où se mêlent produits de première nécessité et alcools forts, enfermés dans une vitrine sécurisée.
L’épicier aveuglé
Vingt minutes plus tard, un jeune fait irruption. Casquette à large visière, gants : ses intentions ne font pas de doute. La caisse. L’épicier n’a pas le temps de réagir. La bombe de gaz lacrymogène l’asperge instantanément. «Mon père n’y voyait plus rien », commente le fils aîné, Rahimullah, 20 ans. Il se trouvait alors dans l’arrière-boutique, avec son oncle, Hafizullah. « Les yeux à moitié fermés, aveuglé, mon père a quand même ceinturé l’assaillant. Le braqueur l’a alors bourré de coups de poing au visage pour qu’il le lâche, mais mon père n’en a rien fait. » Blessé à la tête, Chir Agha saigne abondamment dans la boutique. Mais pas question de laisser échapper son assaillant. La bagarre les entraîne sur le trottoir devant la boutique. À cet instant, la famille entend le barouf qui se déroule en bas. « Avec mon oncle nous avons accouru pour venir à son secours, poursuit Rahimullah. Nous les avons trouvés au sol, en pleine bagarre. L’autre tentait de s’échapper. Mon oncle s’est saisi de lui. J’ai évacué mon père, je suis allé lui mettre de l’eau pour calmer la brûlure du gaz. Il avait pris des coups, il avait les yeux boursouflés, il saignait du visage, du crâne. Il avait du mal à respirer. J’ai appelé les pompiers et la police. » Pendant ce temps, l’oncle déchire une chemise et ligote fermement les mains de l’agresseur dans le dos, grâce à ces liens improvisés. « Quand les policiers sont arrivés, ils n’ont eu qu’à le récupérer. »
Le braqueur en garde à vue
Le jeune homme de 19 ans était hier soir toujours en garde à vue. Sur lui, auraient été retrouvés des documents, carte d’identité et permis de conduire, ne lui appartenant pas. L’épicier, lui, se reposait hier à son domicile grassois. « Il va mieux. Aux urgences, on lui a posé deux points de suture », indique, soulagé, son deuxième fils, Karimullah. Dans le quartier, beaucoup saluaient hier le geste de l’épicier et de sa famille. « La nuit ici, ça traîne beaucoup. Leur réaction est pleine de courage », commentait un commerçant voisin. Les enfants de l’épicier ignoraient qu’un événement similaire s’était produit quatre jours plus tôt à Grasse. «Nous sommes dix dans la famille, mon père et nousmême travaillons beaucoup pour nous en sortir, commentait hier le jeune fils, Karimullah. C’est dur, mais mon père est très courageux. Il n’était pas question de laisser ce gars s’échapper. Sinon il aurait recommencé ailleurs. »