Valérie Boyer, une voix qui compte pour François Fillon
Porte-parole de François Fillon dans la primaire de la droite, la députée des Bouches-du-Rhône s’est révélée aussi engagée que dans les combats qui l’animent
Les murs de son bureau, en mairie des 11e et 12e arrondissements de Marseille, révèlent la personnalité de Valérie Boyer. Le buste d’une wonder woman des temps modernes(1), et surtout des photos d’elle au cours de différentes manifestations. Sur les clichés, la parlementaire porte autour du cou une chaîne en or, une croix. Ce même bijou tant décrié au soir du second tour de la primaire de la droite et du centre, alors que la porte-parole de François Fillon égrène les plateaux télé. « C’était plus facile de s’en prendre à ça pour caricaturer Fillon », analyse Valérie Boyer aujourd’hui. « Jetée dans la boue », elle a dû s’en expliquer : « On a quand même le sentiment qu’être catholique en France, c’est avoir droit à un procès en sorcellerie ! On vous demande de vous justifier et en même temps, vous n’avez pas le droit de vous exprimer sur tous les sujets… Ce n’est pas parce que je suis catholique, que je suis baptisée, que je porte une croix autour du cou que je ne respecte pas les lois de mon pays. Et mon engagement politique est dans le respect des lois de la République. De plus, je ne connais pas de pays démocratique qui ne soit pas d’origine chrétienne… »
Seule femme députée des Bouches-du-Rhône
Quand elle choisit de soutenir François Fillon dans la primaire, il n’est même pas encore le «quatrième homme» des sondages. «Ça, j’avais vraiment du mal à le comprendre ; alors qu’il avait remporté la bataille de la mobilisation à Sablé-sur-Sarthe; il avait gagné la bataille des idées et on ne gagne pas de combat politique sans remporter ce terrainlà… Enfin, on avait oublié qu’il était le Premier ministre le plus populaire de France… » Fillon, elle l’a connu alors qu’elle faisait ses débuts sous les ors de la République. Valérie Boyer figurait même parmi les parlementaires intervenus auprès de Nicolas Sarkozy pour le maintien du Premier ministre. Conseillère municipale de Marseille « dans les rangs de l’opposition » depuis 2010, elle avait mis fin à une « tradition hégémonique familiale » en battant le député sortant Christophe Masse, aux législatives de 2007. « Cela bouleversait le jeu, confie-t-elle en souriant. J’étais la seule femme députée des Bouches-du-Rhône depuis Germaine Poinso-Chapuis (2)… Rendez-vous compte : une fille comme moi, députée ! » Enfant de rapatriés, Valérie Boyer s’éveille à la conscience politique dès son plus jeune âge : petite, elle avait compris combien la décision politique peut influencer le quotidien des gens… Tout comme « je savais déjà que Marseille, c’était la ville de Defferre. Qu’il avait dit en parlant des rapatriés : “qu’ils repartent d’où ils viennent, jetez-les à la mer, qu’ils aillent se réadapter ailleurs”… » Longtemps, elle s’est cherchée à travers les études, jusqu’à hypokhâgne et sciences po… À Marseille, où elle suit son mari, elle embrasse une carrière sanitaire et sociale. À la Sécurité sociale d’abord, à l’Agence régionale d’hospitalisation ensuite. C’est là d’ailleurs, qu’on viendra la chercher pour la propulser dans l’arène politique, où son action se traduit dans les questions de santé et, par extension à « toutes les questions qui touchent à la dignité humaine ». Lutte contre l’obésité, proposition de loi sur la pénalisation de l’incitation à l’extrême maigreur, contre les photos retouchées font d’elle la femme à abattre dans le milieu de la mode mais lui apporte une renommée internationale inattendue. Plus discrètement, elle s’est battue «y compris contre ma propre famille politique» pour qu’une femme puisse préserver son patrimoine génétique en faisant appel à la vitrification rapide d’ovocytes. Féministe à ses heures? « Je ne sais pas. Je trouve le terme assez péjoratif en fin de compte. » Surtout, « je trouve que le droit des femmes régresse dans cette société où les cultures urbaines sont d’un machisme écoeurant… » Elle ne comprend pas d’ailleurs, que les féministes ne s’élèvent pas contre la GPA, qui « est pour [elle] de l’esclavage moderne ». Cela lui a valu d’être qualifiée d’anti-mariage pour tous : «Non. Si j’ai défilé, quand j’ai défilé, c’est contre la GPA !» Catho réac’ Valérie Boyer ? « Si vous voulez, de toute façon, j’ai toutes les tares…» ritelle. Même celle d’être une catholique divorcée. Le terme de « réformiste » convient davantage à celle qui revendique se nourrir de son expérience d’élu de terrain dans son mandat parlementaire. Le rôle de premier des premiers magistrats marseillais la tenterait? Elle soupire… « Vous savez, aujourd’hui, avec les métropoles… être maire n’a plus le même sel. »Un ministère alors peut-être, si François Fillon remportait la Présidentielle ? Elle élude la question d’un « vous lui poserez la question…» Promis, on le fera. 1. Buste réalisé pour une exposition dans le cadre d’Octobre rose, mois de mobilisation contre le cancer du sein. 2. Née en 1901 et morte en 1981 à Marseille. Elle exerce les fonctions de députée et de ministre de la Santé en oeuvrant surtout dans le domaine juridicosocial. C’est la première femme ministre de plein exercice dans l’histoire de la République, de 1947 à 1948, et la seule jusqu’à Simone Veil en 1974.