Juandré Kruger discret mais précieux
Le troisième ligne sud-africain prend, malgré une vive concurrence, toute sa place au sein de l’alignement toulonnais. Arrivé dans le Var avec discrétion, il garde des ambitions élevées
Il est certes sud-africain mais n’a pas pour autant le profil de ces joueurs réputés pour leur rudesse. Juandré Kruger ne ressemble -- ni physiquement, ni dans le jeu – en rien à un Duane Vermeulen ou un Juanne Smith. Plus longiligne (1,97 m) et moins massif (112 kg) que ses deux compatriotes, le natif du Cap a les yeux tournés vers l’avenir, l’esprit rivé sur le collectif. À 31 ans, « ce bon mec et très bon joueur », comme le définit Marc Dal Maso, est de la race des compétiteurs. « Si je suis venu à Toulon, l’une des meilleures équipes du monde, c’est pour gagner », lâche-t-il sans ambages. Après avoir passé trois ans au Racing 92, où il fut longtemps « triquard », il a voulu changer d’air. Il a pris sa décision très rapidement en fin de saison, sans même en parler à Chris Masoe ou Ali Williams, ses coéquipiers franciliens passés par Toulon.
OEuvrer pour le collectif
« Le RCT, je l’ai découvert à Lille. C’était en 2013 en demifinale du Top 14. Nous nous étions inclinés face à cette formation très compétitive, qui avait ancré cette culture de la gagne dans ses gènes », se souvient-il. Exigeant, Juandré Kruger regrette les sautes de performances de son équipe : « On ne peut pas accepter les relâchements que nous connaissons en cours de rencontre. On l’a encore vu contre les Scarlets, dimanche dernier. On manque un plaquage, on rate une passe et tout s’enchaîne. Je ne sais pas si c’est, à cet instant, un manque de concentration. Ces trous d’air sont trop fréquents depuis le début de la saison même si, bien sûr, on sait tous que les matches parfaits n’existent pas. » Pour autant, avec le pointilleux Mike Ford, il s’attelle à la tâche pour être le plus performant possible. Dans l’alignement, ce joueur adroit montre son savoirfaire avec bonheur. Ses coaches ne s’y trompent pas puisqu’en l’absence passagère des Gill, Smith, Vermeulen ou encore Fernandez Lobbe, ils lui ont fait confiance et n’ont pas été déçus. L’intéressé ne veut pas entrer dans un registre personnel. Il ne pense que collectif. « On a un bon groupe. On se respecte mutuellement. On a tous envie de gagner. C’est ça le plus important. C’est ce qui nous anime en tout premier lieu. On veut tous jouer. Mais dans une équipe, l’important, ce sont les joueurs mis sur la touche et qui oeuvrent dans l’intérêt commun du groupe. » Doté d’un excellent état d’esprit, ce leader de touche, très intéressant dans son expertise, doit encore progresser au contact et dans le jeu au sol, selon l’entraîneur des avants rouge et noir.
« Un match différent »
Face aux Scarlets dimanche, Kruger sera vraisemblablement dans le XV de départ. Il ne prend pas en compte le fait de jouer à la maison ou à l’extérieur. Seule la victoire sera belle, même s’il s’attend à une rencontre vraiment difficile devant le public gallois. « Cette nouvelle confrontation sera vraiment différente du match aller, pronostiquet-il. Les Scarlets vont nous mettre la pression. À nous de nous préparer encore mieux cette semaine pour être encore plus efficace, surtout pendant quatre-vingts minutes. » L’ancien Racingman découvre qu’ici tout est différent, à commencer par la météo. Il fixe un soleil pré-hivernal éclatant, qui baigne dans un bleu azur. Les yeux brillants, le champion de France 2016 ne perd pas de vue ses objectifs : il veut faire aussi bien cette saison sous ses nouvelles couleurs.