Marseille : l’Europe en quête d’une nouvelle image sociale
« Il est à peine 9 heures et j’ai déjà reçu trois tweets assassins depuis ce matin», explique Alain Dumort, chef des représentants régionaux de la Commission européenne. Les institutions de la belle Bruxelles n’ont pas le vent en poupe, il le sait bien, de même que les attachés économiques qui l’accompagnent. Pourtant, leur venue, hier à Marseille, pour présenter un texte servant de socle européen des droits sociaux est une bonne occasion, selon eux, de restaurer l’image d’une Commission « trop souvent observée à travers un miroir déformant ».
Voeux du président
L’idée d’un socle de droits sociaux défini par les 28 états membres trouve sa genèse dans le discours sur l’État de l’Union prononcé en septembre 2015 par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne depuis 2014. Il y explique que ce socle doit tenir compte de «l’évolution des sociétés européennes et du monde du travail» en servant de« boussole pour le retour à la convergence.» Après une année de consultation publique, la Commission devrait rendre sa copie début 2017 et l’intégrer au très attendu Livre blanc sur l’avenir de l’Union économique et monétaire au printemps. « On se souviendra de la Commission Juncker pour ses efforts sur le plan social et en termes d’investissements », gage
Guillaume Roty, attaché économique de la Commission.
« Le président martèle que la spécificité européenne réside dans nos modèles sociaux. Nous avons également créé le fonds européen d’investissement stratégique avec lequel nous aidons à financer des
entreprises novatrices. Nous prenons un risque, mais estimons que c’est une belle utilisation de
l’argent public.» Les 6 milliards d’euros débloqués pour la « garantie jeunesse » dont ont bénéficié 14 millions de jeunes Européens sont avancés comme exemple de ce double objectif.
De défis en défiance
Favoriser l’égalité des chances, améliorer les conditions de travail et la protection sociale. Sur le papier, le socle des droits sociaux semble inattaquable. Pourtant, sa mise en place dans la nouvelle ère “Brexit-Trump ” construite sur le rejet des institutions européennes ne sera pas une mince affaire. « Il faut arrêter de tout renvoyer vers cette fameuse Bruxelles qui habiterait la source de tous nos maux. Elle fait du social depuis très longtemps et personne ne semble le voir. » Les problèmes de vision sont peut-être voués à être trop souvent mésestimé dans les couloirs de la Commission…