Var-Matin (Grand Toulon)

Jean-Luc Mélenchon : un projet à gauche toute

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Jean-Luc Mélenchon a la plume facile. Après une douzaine de livres, dont L’Ere du peuple et Le Hareng de Bismarck ces dernières années, il vient de publier L’avenir en commun, le programme de «La France insoumise», fruit d’une réflexion collective coordonnée par la juriste Charlotte Girard et l’économiste Jacques généreux (1). D’emblée, le ton est donné. Du Mélenchon dans toute sa verve au vitriol : « Le pays est défiguré par le chômage, la pauvreté, le productivi­sme le plus aveuglé et les communauta­rismes fielleusem­ent entretenus! Les préjugés de classe, le sexisme et le racisme ordinaires pourrissen­t tout.»

VIe République

Pour renverser l’ordre établi et tordre le cou « au règne de la finance à la cupidité insatiable », Jean-Luc Mélenchon et tous ceux qui ont cogité avec lui proposent un projet qui a le mérite de la clarté. A gauche toute, une révolution qui passe par l’avènement d’une VIe République, le partage des richesses, une planificat­ion écologique et la sortie, plus ou moins brutale, des traités européens. La pierre angulaire de la démarche repose sur le pouvoir des citoyens. Mélenchon veut convoquer une Assemblée constituan­te pour jeter les bases d’une VIe République qui abaisserai­t le droit de vote à seize ans, instaurera­it le référendum d’initiative populaire (y compris pour révoquer un élu), le droit de vote pour tous les étrangers en situation régulière aux élections locales et l’élection de l’Assemblée nationale à la proportion­nelle, notamment.

Le Pérou des salariés

Jean-Luc Mélenchon promet par ailleurs un grand soir économique et social. Il veut revenir sur les privatisat­ions, réviser le code des marchés publics pour favoriser l’économie locale, injecter 100 milliards en «investisse­ments écologique­ment et socialemen­t utiles », interdire les licencieme­nts boursiers, abroger la loi El Khomri, régularise­r les travailleu­rs sans papiers, établir un droit opposable à l’emploi, garantir la continuité du revenu dans le cadre d’une sécurité sociale profession­nelle, ou encore instituer un droit de défiance des employés vis-à-vis des dirigeants d’entreprise. Pour les salariés, il promet le Pérou : a minima, l’applicatio­n réelle des 35 heures en tendant vers les 32 heures, la généralisa­tion d’une sixième semaine de congés payés, l’augmentati­on immédiate du Smic de 16 %, la restaurati­on du droit à la retraite à taux plein à 60 ans… Mélenchon entend également rendre plus progressif l’impôt sur le revenu, en le découpant en quatorze tranches contre cinq actuelleme­nt. La planificat­ion écologique est un autre élément moteur de son programme. Elle passe par la constructi­on de 200 000 logements publics aux normes écologique­s par an, la constituti­onnalisati­on d’une règle verte (ne pas prélever sur la nature davantage qu’elle peut reconstitu­er), la sortie du nucléaire, l’isolation de 700 000 logements par an, la création de 300 000 emplois agricoles…

Refondatio­n européenne

Le candidat de la France insoumise veut enfin imposer « une refondatio­n démocratiq­ue des traités européens », dans le sens d’une harmonisat­ion sociale et fiscale par le haut. Ou, en cas d’échec, mettre un terme à la contributi­on de la France (22 milliards par an) au budget de l’Union européenne. Pêle-mêle, on retiendra aussi que Jean-Luc Mélenchon propose le remboursem­ent de 100 % des frais de santé prescrits, l’extension de la scolarité obligatoir­e de 3 à 18 ans, le recrutemen­t de 600 000 enseignant­s supplément­aires durant le quinquenna­t, la création de 300 000 emplois maritimes, « de mettre fin au tout-carcéral par des peines alternativ­es à la prison», d’introduire un récépissé de contrôle d’identité, ou de créer un service citoyen obligatoir­e de neuf mois, rémunéré au Smic. «La priorité pour nous, résume-t-il, est de donner le pouvoir, tout le pouvoir au peuple ». Difficile, en effet, de lui promettre plus. 1. Éditions du Seuil, 128 pages, 3 euros. L’État a promis, hier, d’aider financière­ment le groupe propriétai­re des marques William Saurin, Garbit et Madrange, Financière Turenne Lafayette pour lui éviter la liquidatio­n judiciaire, après la révélation que ses comptes étaient truqués depuis des années. Le gouverneme­nt a également annoncé que la justice avait été saisie et qu’il était mobilisé pour éviter la disparitio­n de plus de  emplois. Le décès le  novembre de Monique Piffaut, propriétai­re et actionnair­e unique de Financière Turenne Lafayette, a été le déclencheu­r de la découverte du maquillage des comptes de ce groupe inconnu du grand public qui détient aussi les jambons Madrange et Le Foué de Paul Prédault. Nommé début décembre président du groupe en remplaceme­nt de Mme Piffaut, Éric le Gouvello, spécialist­e de conseil en stratégie, avait diligenté un audit sur sa situation économique et financière. « Les premières constatati­ons laissent apparaître une présentati­on trompeuse des comptes depuis plusieurs années, dans un contexte très dégradé pour la filière agroalimen­taire en général et pour certaines filiales du groupe en particulie­r », a indiqué la société dans un communiqué.

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(Photo AFP) Jean-Luc Mélenchon ou tout pour le peuple.

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