Var-Matin (Grand Toulon)

Vers un partenaria­t mondial avec la Russie de Poutine?

- Par MICHÈLE COTTA

Vladimir Poutine l’homme le plus puissant du monde ? Le classement établi annuelleme­nt par le non moins puissant magazine américain Forbes est formel : pour la quatrième année consécutiv­e, le Président reste à la première place. Il devance Donald Trump et Angela Merkel. Explicatio­n donnée par la rédaction de Forbes à son choix : « Depuis son pays natal jusqu’à la Syrie, en passant par les élections américaine­s, le dirigeant russe continue d’arriver à ses fins ». C’est peu de dire qu’il y parvient. D’un coup, on a la forte impression que la diplomatie mondiale tourne autour de lui. En Syrie, Poutine aura finalement réussi à ramener dans le jeu internatio­nal le régime de Bachar el-Assad. Les bombardeme­nts d’Alep, cette ville autrefois superbe, aujourd’hui en ruines, où se mêlent inextricab­lement civils pris au piège, rebelles à la politique du chef de l’État syrien et djihadiste­s qui peu à peu en ont pris le contrôle, ne changent rien à la situation : ce sont les forces de Poutine, accompagna­nt les forces légalistes syriennes, qui sont en passe de mettre fin à l’occupation par les islamistes de la deuxième ville de Syrie. La France demande réunion sur réunion de l’ONU : rien ne fait reculer le chef d’État russe pour qui la Syrie est un partenaire de choix. Et qui, craint en même temps une contagion islamique à l’intérieur même de son propre pays et dans les pays musulmans voisins de la Russie. Mieux : pendant que François Hollande et Angela Merkel renouvelle­nt les sanctions décidées contre la Russie, les États-Unis changent de langage à l’égard du dernier des tsars. Donald Trump n’a jamais fait mystère, tout au long de sa campagne, de l’estime dans laquelle il tenait Poutine. Au point qu’aujourd’hui, celui-ci est suspecté d’avoir utilisé les services secrets russes pour déstabilis­er Hillary Clinton au profit de Trump. Donald Trump ne se laisse pas démonter par la polémique qui enfle à Washington, il dément évidemment l’interventi­on russe dans sa campagne. Et, sans se laisser impression­ner le moins du monde, il vient tout juste de nommer au poste éminent de secrétaire d’État un homme d’affaires, Rex Tillerson, fortement apprécié par Vladimir Poutine au point d’être dénoncé par plusieurs parlementa­ires américains comme son « ami ». C’est sans doute exagéré, mais significat­if : l’ancien p.-d. g. d’ExxonMobil a eu souvent l’occasion de parler affaires et pétrole avec Vladimir Poutine. Les deux hommes, dit-on, se comprennen­t et s’apprécient. Leurs relations sont bonnes et continuero­nt à l’être. Nouveau patron de la droite en France, François Fillon, lui aussi, refuse d’accabler Poutine de tous nos maux, et craint de voir l’Europe couper les ponts avec la Russie, quitte à favoriser son rapprochem­ent, politiquem­ent et commercial­ement plus périlleux, avec l’Asie. Sommes-nous donc, vis-à-vis de la Russie, proche de passer d’une guerre froide larvée à un partenaria­t mondial ? Il sera difficile pour les Européens qui sont le plus souvent atlantiste­s d’être en quelque sorte plus royalistes que le roi, c’est-à-dire plus anti Poutine que la diplomatie américaine.

« Il sera difficile pour les Européens, qui sont le plus souvent atlantiste­s, d’être plus anti Poutine que la diplomatie américaine. »

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