Inespéré !
Après avoir longtemps bafouillé son jeu, le RCT a arraché hier le bonus offensif sur la sirène (27-12) et préservé ses chances de qualification.
Il restait huit secondes à jouer lorsque Tuisova, bien servi sur son aile, s’en allait inscrire en coin le quatrième essai du jour. Le Fidjien, très croyant, pouvait remercier le ciel. Ses partenaires, qu’il avait retrouvés après de longues semaines d’absence, remportaient ainsi avec le bonus une victoire qui mit bien trop de temps à se dessiner. Ce succès laborieux, en tout cas, permet au RCT d’aller affronter, samedi, les Saracens, son destin en mains. L’essentiel est donc préservé. Mais il est clair que pour réaliser un exploit à Londres, les Rouge et Noir devront singulièrement élever leur niveau de jeu pour sortir du bourbier dans lequel ils se sont mis après leurs défaites contre les Saracens, à Mayol et à Llanelli. Bref, il ne sert plus à rien de refaire le film de cette phase qualificative. Pour l’heure, il fallait réaliser un carton plein en harponnant ces Sharks. La « petite finale » à venir chez le champion d’Europe en titre sera un tout autre match, dans un contexte bien différent. Tout débutait pour le mieux. D’entrée pris dans la nasse, les requins anglais encaissaient un premier essai tout en force de Nonu, suite aux premières percussions de Bastareaud et au choix de la pénaltouche. Les Rouge et Noir affichaient la couleur. L’ambition dans le jeu offensif semblait être au rendezvous. Las. De façon assez incompréhensible, les Varois refusaient soudainement de jouer, multipliant subitement les coups de pied de déplacement ou d’occupation. Une attitude qui permettait aux Sharks, bénéficiant de précieuses munitions, de ne pas se faire prendre dans les filets. C’est même l’ouvreur anglais Sam James, sur un petit coup de pied par-dessus, qui enrhumait toute la défense adverse, d’autant qu’Halfpenny perdait ses appuis au plus mauvais moment. Bonne pêche pour Sale. Toulon semblait se complaire à se compliquer la rencontre. Avec leur maillot jaune fluo, les Sharks ressemblaient à des employés de la voirie. Idéal pour faire les bordures et tracer leurs voies.
Un coaching gagnant
À la pause en tout cas, Sale tenait la route, proprement. Après le repos, tumultueux suite au coup de gueule présidentiel, Vermeulen et les siens occupaient le camp anglais, mais échouaient régulièrement près de la ligne par manque d’adresse, de patience ou de clairvoyance. Un essai en contre et plein de détermination d’Habana relançait une machine toulonnaise aux nombreux ratés. Pour autant, le public de Mayol commençait à s’impatienter et même à gronder devant tant d’approximations, notamment sur les touches trouvées près de l’en-but suite aux pénalités. Mais par bonheur, les rentrées de Giteau, Tuisova, Gorgodze, J. Smith ou encore Pelissié allaient changer le cours de la partie. Percussions dans l’axe, prise d’intervalle ou encore fluidité et continuité dans le jeu allaient – enfin – permettre à Fernandez Lobbe et les siens de tourner à plein régime. Et c’est lors des cinq dernières minutes, alors que les Sharks, à trois points (1512), pouvaient toujours faire mordre la pelouse aux Toulonnais, que la différence allait se faire. À cet instant en supériorité numérique, Toulon «forçait le bonus ». Pélissié, d’abord, en finesse, derrière sa mêlée, inscrivait le 3e essai du jour, pressant Halfpenny de transformer. Et puis, sur une ultime offensive partie des 22, Tuisova était à la conclusion d’un superbe mouvement collectif. Il arrivait certes tard, mais éclairait cette rencontre qui, selon Mourad Boudjellal, « entre dans la légende du club ». À présent, il faut aller affronter les Sarries et ça, c’est une tout autre histoire.