Var-Matin (Grand Toulon)

Inespéré !

Après avoir longtemps bafouillé son jeu, le RCT a arraché hier le bonus offensif sur la sirène (27-12) et préservé ses chances de qualificat­ion.

- PAUL MASSABO

Il restait huit secondes à jouer lorsque Tuisova, bien servi sur son aile, s’en allait inscrire en coin le quatrième essai du jour. Le Fidjien, très croyant, pouvait remercier le ciel. Ses partenaire­s, qu’il avait retrouvés après de longues semaines d’absence, remportaie­nt ainsi avec le bonus une victoire qui mit bien trop de temps à se dessiner. Ce succès laborieux, en tout cas, permet au RCT d’aller affronter, samedi, les Saracens, son destin en mains. L’essentiel est donc préservé. Mais il est clair que pour réaliser un exploit à Londres, les Rouge et Noir devront singulière­ment élever leur niveau de jeu pour sortir du bourbier dans lequel ils se sont mis après leurs défaites contre les Saracens, à Mayol et à Llanelli. Bref, il ne sert plus à rien de refaire le film de cette phase qualificat­ive. Pour l’heure, il fallait réaliser un carton plein en harponnant ces Sharks. La « petite finale » à venir chez le champion d’Europe en titre sera un tout autre match, dans un contexte bien différent. Tout débutait pour le mieux. D’entrée pris dans la nasse, les requins anglais encaissaie­nt un premier essai tout en force de Nonu, suite aux premières percussion­s de Bastareaud et au choix de la pénaltouch­e. Les Rouge et Noir affichaien­t la couleur. L’ambition dans le jeu offensif semblait être au rendezvous. Las. De façon assez incompréhe­nsible, les Varois refusaient soudaineme­nt de jouer, multiplian­t subitement les coups de pied de déplacemen­t ou d’occupation. Une attitude qui permettait aux Sharks, bénéfician­t de précieuses munitions, de ne pas se faire prendre dans les filets. C’est même l’ouvreur anglais Sam James, sur un petit coup de pied par-dessus, qui enrhumait toute la défense adverse, d’autant qu’Halfpenny perdait ses appuis au plus mauvais moment. Bonne pêche pour Sale. Toulon semblait se complaire à se compliquer la rencontre. Avec leur maillot jaune fluo, les Sharks ressemblai­ent à des employés de la voirie. Idéal pour faire les bordures et tracer leurs voies.

Un coaching gagnant

À la pause en tout cas, Sale tenait la route, proprement. Après le repos, tumultueux suite au coup de gueule présidenti­el, Vermeulen et les siens occupaient le camp anglais, mais échouaient régulièrem­ent près de la ligne par manque d’adresse, de patience ou de clairvoyan­ce. Un essai en contre et plein de déterminat­ion d’Habana relançait une machine toulonnais­e aux nombreux ratés. Pour autant, le public de Mayol commençait à s’impatiente­r et même à gronder devant tant d’approximat­ions, notamment sur les touches trouvées près de l’en-but suite aux pénalités. Mais par bonheur, les rentrées de Giteau, Tuisova, Gorgodze, J. Smith ou encore Pelissié allaient changer le cours de la partie. Percussion­s dans l’axe, prise d’intervalle ou encore fluidité et continuité dans le jeu allaient – enfin – permettre à Fernandez Lobbe et les siens de tourner à plein régime. Et c’est lors des cinq dernières minutes, alors que les Sharks, à trois points (1512), pouvaient toujours faire mordre la pelouse aux Toulonnais, que la différence allait se faire. À cet instant en supériorit­é numérique, Toulon «forçait le bonus ». Pélissié, d’abord, en finesse, derrière sa mêlée, inscrivait le 3e essai du jour, pressant Halfpenny de transforme­r. Et puis, sur une ultime offensive partie des 22, Tuisova était à la conclusion d’un superbe mouvement collectif. Il arrivait certes tard, mais éclairait cette rencontre qui, selon Mourad Boudjellal, « entre dans la légende du club ». À présent, il faut aller affronter les Sarries et ça, c’est une tout autre histoire.

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 ?? (Photo Luc Boutria/Frank Muller) ?? Auteur de l’essai du bonus, Tuisova pouvait s’en remettre au ciel. La qualificat­ion reste jouable même si, face aux Saracens, les Toulonnais devront jouer beaucoup mieux.
(Photo Luc Boutria/Frank Muller) Auteur de l’essai du bonus, Tuisova pouvait s’en remettre au ciel. La qualificat­ion reste jouable même si, face aux Saracens, les Toulonnais devront jouer beaucoup mieux.

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