Var-Matin (Grand Toulon)

Quand Picot raconte Picot

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Le colonel Yves Picot. Qu’est-ce que le commun des mortels sait de lui ? Grand Officier de la Légion d’honneur, né à Brest en , il étudie à Saint-Cyr entre  et . Il est mobilisé en , se distingue par sa bravoure et ses faits d’armes. Il fait la Marne et Verdun, mais c’est dans la Somme, qu’il est heurté par un éclat d’obus qui lui crèvera l’oeil gauche. C’était le  janvier . Si l’on en croit sa biographie, écrite par Noële Roubaud et le Père Bréhamet, c’est lui qui inventa le terme « gueule cassée » alors qu’il était en convalesce­nce au Val-de-Grâce. En , il est élu député de la Gironde. En parallèle, il fonde avec deux de ses compagnons défigurés, Jourdain et Jugon, l’Union des blessés de la face et de la tête. Pour le repos de ses « gueules cassées », ils achèteront le domaine de Moussy-le-Vieux, près de Paris, puis celui du Coudon, à La Valette. C’est d’ailleurs là qu’il passera l’arme à gauche, le  avril . Voilà les grandes lignes de la vie publique du colonel Picot. Mais pour en connaître un peu plus sur l’homme qui vivait dans l’uniforme de l’officier, mieux vaut se tourner vers Robert Picot. Le dernier des petits-enfants encore vivant du colonel.

Il était toujours prêt pour la rigolade

Depuis trente ans, le descendant du président des « gueules cassées » vit à Nice, à quelques rues du Negresco. « Je suis né le  février , j’ai donc connu mon grand-père paternel pendant toute mon enfance ! D’ailleurs, mon quatrième prénom, c’est le même que lui, Yves ! », s’esclaffe le nonagénair­e qui, loin de la carrière des armes, consacra sa vie profession­nelle aux assurances. « Je me souviens, le jour où il m’a fait visiter le Coudon, il m’a présenté Jourdain et Jugon. Ils avaient des faces horribles ! Les deux premières fois, qu’est-ce que j’ai eu peur en les voyant ! Mais après, ça a été, c’était vraiment de braves types, très attachés à mon grand-père. Mais tout le monde était attaché à mon grand-père, il a consacré sa vie aux autres, il était comme ça. C’est peut-être sa foi catholique qui peut expliquer en partie ce dévouement, même s’il n’avait rien d’une grenouille de bénitier… Il ne parlait jamais de religion devant nous et était toujours prêt pour la rigolade ! » Mais quand Robert Picot raconte les souvenirs qu’il a gardé de son grandpère, impossible de ne pas évoquer les personnage­s historique­s qu’il a côtoyé. « Le maréchal Pétain (alors président d’honneur de l’associatio­n des « Gueules Cassées », Ndlr), je l’ai rencontré alors que je rendais visite à mon grand-père dans son appartemen­t parisien, rue des Dardanelle­s. Ça m’avait beaucoup impression­né, c’était un grand bonhomme à l’époque ! Mais bon, il a déraillé après… Le président Albert Lebrun, je l’ai rencontré aussi, mais juste une fois. Il pleurait tout le temps, on l’appelait “Le Chialant”.» Ou quand la petite histoire rencontre la grande…

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