Paroles de résidents
« Sans ma blessure, ma vie aurait été monotone ! » Étienne Lambert, 99 ans, ancien officier d’artillerie
« Le août , j’ai sauté sur une mine, à la sortie de Nam Dinh, en Indochine (aujourd’hui au nord du Vietnam, Ndlr). J’étais alors lieutenant dans le
e régiment d’artillerie, à la recherche d’une position pour placer une batterie de canons de . L’avant de notre véhicule a été frappé, le chauffeur n’a pas survécu, mais le radio, si ! Il a pu appeler le QG et j’ai été évacué par hélicoptère à l’hopital d’Hanoï. Blessure à la jambe, traumatisme crânien et vertiges, c’est ce que j’avais. Au bout d’un mois, j’ai été jugé irrécupérable et renvoyé en France. Le traumatisme crânien m’a rendu presque sourd et m’a causé des problèmes de vue, et les vertiges, je les ai encore aujourd’hui. Mais j’ai tout de même fait l’Algérie, au poste de commandement, et je suis resté dans l’armée jusqu’en . Au domaine du Coudon, je n’y suis que depuis . Peut-être que sans ma blessure, ma carrière militaire aurait été différente, mais ma vie aurait été monotone ! »
« Je n’ai jamais voulu mettre en avant le fait que je sois blessée » Janine Boucher, 86 ans, ancienne employée administrative
« Je vis au Coudon depuis . J’ai tout de suite été éblouie par la beauté du site ! On peut dire que je suis une “gueule cassée”… J’ai été blessée en septembre à Nancy – mon père avait quitté la Moselle pour cette ville afin de ne pas être Allemand. La maison dans laquelle je vivais avec ma famille a été détruite par une bombe alliée, et j’ai été ensevelie sous les décombres. J’ai été blessée à l’arrière de la tête, et j’ai gardé toute ma vie des séquelles physiques et psychiques. Mais au cours de mon activité, – j’ai travaillé dans les services administratifs des Charbonnages de France, en Moselle, de à –, je n’avais pas envie de dire que j’étais blessée, le mettre en avant. Peut-être par pudeur, ou bien par orgueil… Cette blessure, c’est la faute à pas de chance. C’est peut-être là la différence entre les victimes civiles et militaires. Les militaires sont des professionnels, il y a un risque qu’ils acceptent. La victime civile, c’est l’aviateur qui lâche une bombe et qui ne sait pas où elle tombe… »