Pénurie de conducteurs de TER : la Région veut éconduire la SNCF
Le Nouvel An n’a rien effacé. La confiance semble durablement entamée. Après une année 2016 quelque peu chaotique qui, faute de conducteurs, avait contraint à plusieurs reprises la SNCF à supprimer des trains express régionaux (TER), la pilule a encore du mal à passer à la Région. Pour preuve: lors de ses voeux, le président Christian Estrosi a réaffirmé sa volonté d’ouvrir le transport de passagers à la concurrence le plus rapidement possible. Vice-président en charge des transports, Philippe Tabarot confirme : « Les relations avec la SNCF se sont dégradées car cette dernière, qui n’a pas su anticiper les départs en retraite de ses conducteurs, nous a mis devant le fait accompli. À trois reprises l’an dernier, en février, juillet et septembre, elle nous a avertis à la dernière minute de la suppression d’environ 20 % des TER ».
La tentation de la régie
Si la Région a déjà refusé en décembre dernier de reconduire la convention régissant le réseau des TER, elle ne compte pas en rester là. « Face à l’une des situations les plus dégradées de France, on est prêt à expérimenter la concurrence sur le transport des passagers dès 2019. On attend une décision favorable du gouvernement dans le courant de l’année », déclare Philippe Tabarot. L’idée d’une gestion en régie, sur le modèle du « train des Pignes » entre Nice et Digne, semble même très sérieusement envisagée. Toujours selon l’élu aux transports, « la Région souhaite financer, et du coup récupérer, les centres de maintenance, afin de les mettre à disposition du futur opérateur ». Ces propos ne manquent pas d’inquiéter les cheminots. Délégué du personnel CGT, Michel Mafioly, luimême conducteur de trains, évoque ainsi « la garantie décennale sur les 16 rames neuves qui pourrait être mise en avant pour confier leur entretien aux constructeurs Bombardier et Alstom ». Michel Mafioly veut croire que ce n’est qu’une manière de faire pression sur la SNCF pour qu’elle revoie à la baisse ses tarifs. Du côté de la direction régionale de la SNCF, si on reconnaît les difficultés passées, on met surtout l’accent sur les efforts de recrutement et de formation pour régler le problème. « D’ici fin juin, on aura formé 140 conducteurs de TER, dont 130 conducteurs de lignes et 10 manoeuvriers. Ces effectifs nous permettront d’assurer le service tel que défini avec le conseil régional. En attendant, 32 conducteurs nous sont prêtés par d’autres régions ».