« On aurait aimé le gagner »
Deuxième départ, deuxième à l’arrivée : s’il n’a pas réussi à renverser la montagne Peterhansel avec l’ami Loeb, Daniel Elena apprécie les progrès accomplis. Promis, il reviendra plus fort !
Buenos Aires, samedi : sur le podium argentin de la délivrance, Stéphane Peterhansel marque une treizième fois de son empreinte les tablettes du Dakar au terme d’un haletant duel « fratricide » contre Sébastien Loeb, le sacré coéquipier devancé d’un souffle (’’’). Nombre de pilotes et d’observateurs saluent alors la deuxième place de l’Alsacien - « Il a réussi à hausser le niveau de tous les gros bras de l’épreuve », dixit Bruno Famin, patron de Peugeot Sport - et rendent hommage à Daniel Elena. « Il a prouvé qu’il avait sa place parmi les meilleurs copilotes» , estime Nani Roma (Toyota). « Daniel a été très bon et a permis de rapprocher Seb de la victoire », ajoute ‘‘Peter’’. Toujours souriant, le Monégasque est ensuite revenu sur son Dakar avec lucidité.
C’était beaucoup plus dur qu’en . Nous sommes rentrés dans le vif du sujet dès la étape avec beaucoup de navigation et de hors piste. Malgré l’annulation de deux spéciales, les difficultés se sont amplifiées tout au long de ces quinze jours. Jeudi dernier, par exemple, tout le monde s’est perdu ! Aucun copilote ne peut se targuer de ne pas avoir fait une erreur, même si pour nous, le résultat final est décevant.
Vous faites du rallye-raid depuis l’an dernier. Qu’estce
Il a fallu coordonner un nouveau langage dans la voiture. Désormais, à chaque annonce d’une bosse, d’une saignée, d’une ornière, tout est réglé comme du papier à musique. On a retrouvé l’osmose de nos succès en WRC. En matière de navigation, nous pouvons encore progresser. Quand on se perd, Loeb ne veut jamais s’arrêter. Or, c’est parfois ce qu’il y a de mieux à faire pour ne pas « jardiner » (chercher un point de passage tous azimuts).
Le ton monte parfois dans la voiture ? Non, on se connaît trop pour ça. Nous savons que chacun fait le maximum. Un jour, nous devions nous rendre à l’aéroport de Strasbourg et nous étions bloqués dans un embouteillage monstre. Seb est sorti de l’autoroute, il a pris les axes secondaires mais il y avait encore plus de neige. Finalement, on a raté l’avion ! Il n’a pas beaucoup de patience, même si je le comprends... Que retenez-vous de cette édition ? Nous avons toujours été dans le coup. Nous terminons meilleurs « performers » du rallye (avec cinq victoires d’étape, soit une de plus qu’en ) ,ce qui prouve qu’on a beaucoup progressé depuis l’année dernière. Nous avons perdu minutes à cause d’un problème de turbo. Dans nos têtes, on a réalisé une course superbe.
Allez-vous le refaire l’année prochaine ? On aurait aimé le gagner cette année ! On n’a pas fait beaucoup d’erreurs, nous n’avons changé que trois roues au cours des spéciales, ce qui nous fait perdre minutes au total. Ce sont malheureusement les aléas de la course. Mais on va revenir : nous tirons des enseignements de chacune de nos courses, de chacun de nos échecs. Nous sommes toujours novices, d’autant que nous sommes partis de zéro, surtout moi en navigation. On va continuer à bosser et on le gagnera un jour. Nous n’avons jamais été aussi près de le remporter !
Le mot de la fin ? Ce résultat, ces victoires d’étape, je veux les dédier à mon père, décédé l’an dernier. Nul doute qu’il aurait été fier de voir ça. En même temps, il a toujours été content quand on gagnait ! Ici, mon père aurait encore râlé contre Seb… Il lui aurait dit : « Qu’est-ce que tu as foutu ? » Pour lui, Seb était toujours le fautif !
On a retrouvé l’osmose du WRC ”