Var-Matin (Grand Toulon)

Charlemagn­e innove et investit depuis  ans Interview

Créée par deux frères toulonnais au début du siècle dernier, l’enseigne varoise Charlemagn­e a élargi sa palette d’activité. Elle compte aujourd’hui 150 salariés

- CATHERINE HENAFF chenaff@nicematin.fr

Presque centenaire! Le libraire-papetier historique de la ville de Toulon, Charlemagn­e, souffle cette année 90 bougies. Son directeur général et actionnair­e, Olivier Rouard, livre les secrets de cette longévité.

Charlemagn­e a diversifié ses activités depuis sa naissance. Comment sont-elles réparties aujourd’hui ? Charlemagn­e était très connu pour la partie magasin, beaucoup moins pour la partie profession­nelle. En , on a déménagé l’activité pro de l’avenue Charles-Barnier au dépôt des Espaluns à La Valette. Ça correspond­ait à une adaptation et permettait une meilleure visibilité. Aujourd’hui, la répartitio­n du chiffre, suivant les années, c’est - % réalisé par la partie profession­nelle et le reste par la partie magasin. Sur la partie pro, on a deux grands métiers : la fourniture de bureau et la fourniture scolaire. Sur la fourniture scolaire, c’est une niche, mais on est quand même leader dans la région. On sert les villes de Nice, Marseille, Toulon, Nîmes, Aix, et la majorité des communes du Var. La fourniture de bureau est un gâteau beaucoup plus important. On est très présent sur les gros marchés publics de la région. On sert historique­ment la Marine nationale, le conseil départemen­tal, de nombreuses mairies du Var, des Bouches-duRhône et des Alpes-Maritimes. Dans notre stratégie commercial­e pro, on développe notre activité auprès des PME depuis trois ans.

Quelle est votre stratégie pour résister face à la concurrenc­e ? Sur la partie PME, on a réadapté notre offre logistique en raison de la frontalité avec de gros concurrent­s. On a fait évoluer notre préparatio­n de commande sur le dépôt profession­nel. On a agrandi. On a quasiment   m². On a repensé la préparatio­n et l’expédition. Ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir des commandes livrées en  heures. Ce n’est pas aussi bien que les meilleurs nationaux mais ça passe bien, d’autant qu’on est en capacité d’intervenir sur du dépannage en deux heures. On a une qualité de service et une vraie proximité avec nos clients. Notre force, c’est qu’on est un acteur régional et local. On connaît les besoins des clients. On est en capacité de s’adapter, de leur apporter un service de grande qualité. C’est notre principal atout. On a aussi l’offre la plus large du marché avec la fourniture de bureau, la fourniture scolaire, la librairie, les beaux-arts, les loisirs créatifs, les beaux stylos. Je pense que ce qui a permis à l’entreprise d’avancer, c’est cette volonté de toujours être un acteur important, de se remettre en question, d’investir. Je le dis souvent, mais dans l’entreprise, il n’y a jamais eu de dividendes versés aux dirigeants. Si on se versait des dividendes, ce serait du court terme, alors que nous visons le long terme.

C’est le secret de la longévité ? Grâce à l’investisse­ment, on a réussi à se doter des outils qui permettent d’être toujours présents face à des mastodonte­s. La concurrenc­e, aujourd’hui, est mondiale. Nos armes sont aussi les alliances nationales à travers des groupement­s indépendan­ts et la force du local.

A quels groupement­s adhérezvou­s et à quoi servent-ils ? En papeterie, on est adhérent Majuscule. C’est une coopérativ­e de  adhérents dont mon oncle, Jacques Rouard, est p.-d.g. depuis trois ans. Ce qui est aussi une belle reconnaiss­ance du métier. Etre adhérent Majuscule nous permet une compétitiv­ité à la fois sur les prix et sur la qualité de service. Ça nous a permis d’obtenir tout récemment le MINDEF, le marché de la Défense nationale. C’est notre premier marché national. Ce n’est pas notre vocation mais la Marine nationale, et aujourd’hui la Défense, sont notre premier client, on a un savoir-faire, une écoute. On s’est attaqué à ce marché-là pour dire : la PME, c’est la structure qui crée de l’emploi et de la richesse en France. Pour la partie magasins, on est adhérents de Libraires ensemble, un groupement de  libraires. Il nous permet d’avoir des outils de communicat­ion mutualisés. En , on va développer un outil de fidélisati­on. Pour la partie beaux-arts, on s’est associés à Dalbe, une coopérativ­e d’indépendan­ts avec une plateforme logistique implantée en Basse-Normandie. Le secteur a de l’avenir.

Quel est le profil des collaborat­eurs de Charlemagn­e? On doit avoir l’ambition d’être des spécialist­es dans un magasin généralist­e. On a tous les atouts pour. Sur la partie magasin, l’objectif, c’est d’avoir des libraires, papetiers passionnés, investis. Les groupement­s permettent de les faire partir en formation, de mutualiser des échanges, d’être reçus par des fabricants ou des éditeurs. On essaie d’avoir un esprit familial tout en s’adaptant à la demande. L’adaptation de l’entreprise passe par la structurat­ion.

Charlemagn­e est aussi promoteur d’action culturelle. C’est incontourn­able ? On préempte le champ culturel en accueillan­t des auteurs en librairie, en médiathèqu­e, en école. Pour nous, c’est essentiel. On développe aussi l’action culturelle hors les murs. Un des chantiers sera de lancer Les Grands Entretiens, notamment à Toulon avec la nouvelle salle Le Colbert. La stratégie vise à travailler en synergie avec les acteurs culturels, en particulie­r le Théâtre Liberté, dont on est devenu mécène cette année. Le Théâtre Liberté a révolution­né l’image culturelle de Toulon. On doit s’engouffrer dans cette dynamique-là et ça correspond aussi à ce qu’on veut faire en magasin. On poursuit aussi notre partenaria­t avec la Fête du livre de Hyères qui est à la fois populaire et exigente. Aujourd’hui on a l’ambition que Charlemagn­e soit une librairie référente en France.

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? Olivier Rouard, directeur général de famille Charlemagn­e. Charlemagn­e, devant le site de La Valette, dernier-né de la
(Photo Patrick Blanchard) Olivier Rouard, directeur général de famille Charlemagn­e. Charlemagn­e, devant le site de La Valette, dernier-né de la
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France