Var-Matin (Grand Toulon)

Beaucoup nous voient avant tout comme des SDF ”

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a chute brutale des températur­es enregistré­e cette semaine aura eu au moins ça de bon : Stevie, 21 ans, et Lara, 18 ans, ont enfin pu dormir au chaud. Dans un vrai lit. Depuis leur arrivée à Toulon en octobre dernier, c’est la quatrième ou cinquième fois à peine qu’ils obtiennent un hébergemen­t d’urgence. Alors ils savourent. Pour les jeunes amoureux, qui affichent déjà une longue expérience de la rue, c’est un peu comme s’ils s’étaient offert un week-end dans un petit hôtel de charme à Toulon. Sauf que l’hôtel s’appelle centre d’hébergemen­t et de réinsertio­n sociale Renaissanc­e l’Étape. Et que la chambre qu’ils occupent est meublée de lits… superposés. Comme petit nid d’amour, on fait mieux. Qu’importe. Pour Stevie et Lara, le luxe est ailleurs. Par exemple, dans une simple douche intégrée à la chambre. Et surtout dans des toilettes accessible­s, même si ces dernières sont sur le palier. « Vivre dans la rue, c’est compliqué pour l’hygiène. Le pire, c’est quand on veut aller aux toilettes. C’est gênant », confie Lara. Gênant et source de conflit. « Les vigiles du Centre Mayol nous font bien comprendre qu’ils n’aiment pas nous voir aller aux toilettes publiques dans la galerie. Pour eux, comme pour beaucoup, on est avant tout des SDF. On n’est pas considéré de la même façon que le reste de la population », constate Stevie, l’air incrédule. Sous la boîte aux lettres jaune de la place du Mûrier, où il fait la manche quotidienn­ement, le jeune couple fait pourtant tout pour être le plus discret possible. Jusqu’à Cana, leur chien, minuscule. Mais les clichés ont la vie dure. « Quand des gens nous donnent de la nourriture plutôt que de l’argent, on ne la refuse jamais. Au contraire. Si ça peut les rassurer de savoir qu’on n’ira pas s’alcooliser… L’autre jour pourtant, une dame nous a ramené un sac avec quelques courses et… quatre bières», raconte Lara, en haussant les épaules. C’est

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