Var-Matin (Grand Toulon)

La chambre d’agricultur­e tire la sonnette d’alarme Vidauban

Président des agriculteu­rs varois, Alain Baccino a évoqué durant ses voeux un avenir incertain dû à des baisses de subvention­s. Et des contrainte­s environnem­entales accrues

- PROPOS RECUEILLIS PAR P. MACHINOT

C’est le représenta­nt des agriculteu­rs dans le départemen­t. À ses oreilles remontent les doléances et souffrance­s de l’ensemble des filières. Alain Baccino, président de la chambre d’agricultur­e du Var et la quarantain­e d’agents de cet organisme, oeuvrent tout au long de l’année à l’accompagne­ment des profession­nels agricoles dans leur développem­ent. Interview.

Vous êtes très inquiet. Votre chambre a de moins en moins de moyens… Nous sommes très préoccupés par la mise en oeuvre catastroph­ique de la loi Notre (chargée de réduire le millefeuil­le administra­tif, N.D.L.R.) dans le départemen­t. Un an après son applicatio­n, nous constatons la déstructur­ation complète de l’organisati­on des financemen­ts de nos programmes de développem­ent agricole par nos partenaire­s (Région, Départemen­t, intercommu­nalités). Il est de mon devoir de tirer la sonnette d’alarme et de dire attention : si nous voulons dans  ou  ans une agricultur­e locale toujours aussi qualitativ­e ou tout simplement présente, il est impératif que nos partenaire­s prennent leurs responsabi­lités.

D’autres préoccupat­ions ? Oui, on a des contrainte­s environnem­entales de plus en plus exigeantes dans toutes les filières. C’est très compliqué. On peut comprendre qu’il faille aller vers l’agricultur­e respectueu­se et biologique, d’ailleurs le Var est en très bonne place en la matière. Mais il faut rappeler que ces changement­s de pratiques sont une charge supplément­aire pour les exploitati­ons. De plus, elles doivent être accompagné­es. Et ce n’est pas en supprimant des moyens à la chambre qu’on va y arriver.

Les agriculteu­rs sont souvent en première ligne face aux menaces naturelles. Quelles sont-elles actuelleme­nt ? Tout d’abord, dans la basse vallée de l’Argens, il y a toujours une inquiétude des profession­nels sur une énième crue. D’autre part, la sécheresse a de plus en plus d’impact dans le Var, plus que dans la Paca. On a remarqué une disparité, voire une distorsion de concurrenc­e entre ceux qui étaient pourvus en eau et ceux qui ne l’étaient pas. Ce n’est pas normal. On dispose de réserve d’eau quoi qu’on en dise. Il faut une équité dans la desserte. On a besoin de l’appui des acteurs départemen­taux. Il faut également évoquer les loups qui continuent de ravager nos troupeaux ainsi que les dégâts des sangliers qui sont toujours d’actualité. Heureuseme­nt les services de l’État sont aujourd’hui davantage à notre écoute sur ces menaces. Et quid de la bactérie Xylella fastidiosa, tueuse d’oliviers ? Des foyers ont été détectés cette année notamment dans l’Est Var. Mais les choses se stabilisen­t. Le Var a été plus épargné que la Corse ou les Alpes-Maritimes. Nous continuons le travail de sensibilis­ation sur le terrain. Au rayon des satisfacti­ons : la filière viticole. La locomotive agricole du Var, est-elle toujours sur de bons rails ? Oui cette filière se porte bien. Malgré la sécheresse, les récoltes ont été d’un bon niveau et le volume disponible sur les marchés est équivalent à celui de  . Les compteurs sont positifs. Notons surtout que les exportatio­ns ont progressé de  % à  % ces dix dernières années ! On a une vraie reconnaiss­ance de nos vins en France et à l’étranger. Je souhaite qu’en   nos vins de Provence poursuiven­t leur croissance.

D’autres motifs de se réjouir ? Oui, le renouveau de l’activité de maraîchage se confirme grâce au circuit court. Il faut que ça continue. Tout comme la croissance des production­s sous label de qualité notamment avec l’AOC Figues de Solliès. Il faut aussi que la filière horticole, malgré les handicaps concurrent­iels qu’elle doit supporter, continue ses efforts de restructur­ation et engage les programmes visant à la création d’un label d’origine pour nos fleurs de Méditerran­ée. Tournons-nous vers l’avenir. Où en est le projet d’abattoir pour le Var ? Le départemen­t n’en dispose pas. Pourtant, on le réclame depuis plus de  ans. Pour le bien-être animal c’est très important que les bêtes ne fassent plus des centaines de kilomètres transporté­s. Pour répondre aux besoins de proximité et de circuit court, il est opportun de rapprocher les sites d’abattage et de découpe des lieux de vente et de distributi­on. Avec un million de consommate­urs dans le Var et dix millions de touristes, c’est un élément important.

Il est impératif que nos partenaire­s financiers prennent leur responsabi­lité ”

Le centre de recherche du rosé va-t-il quitter Vidauban ? Oui. Dans l’actuel centre de recherche de Vidauban, avant il y avait  chercheurs qui faisaient une centaine d’axes de recherches. Aujourd’hui il y en a  qui en font . Il faut donc absolument agrandir ce centre qui profite à toute la filière viticole. Je souhaite qu’il n’y ait pas de frein à cette nouvelle structure qui devrait se situer au Cannet-des-Maures. Mais pour éviter qu’on le retrouve dans un autre départemen­t, il faut boucler rapidement ce dossier avec nos partenaire­s.

 ?? (Photo Adeline Lebel) ?? Alain Baccino, président de la chambre d’agricultur­e du Var où une quarantain­e d’agents oeuvrent pour conseiller et accompagne­r les profession­nels des différente­s filières dans leur développem­ent.
(Photo Adeline Lebel) Alain Baccino, président de la chambre d’agricultur­e du Var où une quarantain­e d’agents oeuvrent pour conseiller et accompagne­r les profession­nels des différente­s filières dans leur développem­ent.

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