Sandrine, une Cannoise qui voyage pour secourir les exilés de Syrie
Sandrine Martinez, 28 ans, est commerciale et réside dans le quartier République, à Cannes. L’année dernière, elle a voyagé cinq fois dans les camps d’exilés en Grèce, «des Syriens à 90 % » , pour porter assistance aux enfants ainsi qu’à leurs parents. Début 2016, elle a co-fondé l’association Refugees Smile avec deux amies lyonnaises, après plusieurs voyages au Moyen-Orient. Le mois dernier, elle a fini par convoyer avec son fils de huit ans un camion rempli de vêtements, jouets et autres affaires jusqu’aux camps aménagés dans la banlieue de Thessalonique.
Adoucir le passé
Son appareil photo à la main, elle a d’abord passé un mois et demi, cet été, au contact des exilés. Attendrie par le sourire des enfants… et par le chien Chem qu’elle a ensuite ramené à Cannes. «J’ai prolongé mon séjour pour les formalités d’adoption. Ce sont les enfants qui lui ont donné son nom, qui veut dire «Damas» pour les Syriens.» En feuilletant ses clichés, elle se rappelle la nostalgie des exilés «contraints de fuir le régime». Les nouvelles reçues de leurs proches restés au pays par le réseau What’s App. Les moments interminables à revoir des photos de leur vie perdue en Syrie, «leur seul souvenir». Leur attente et leur désespoir dans le froid, l’humidité, le manque d’hygiène. De son côté, elle parvient malgré tout à capter des instants de joie chez les enfants et les laisse s’amuser avec son appareil photo et son caméscope GoPro. Une manière d’adoucir autant que se peut le passé. «Ce qui a provoqué cette expérience, c’est en fait la photo du petit Aylan (l’enfant kurde retrouvé noyé en septembre 2015 sur une plage de Turquie, N.D.L.R.).» Sandrine Martinez n’en était pourtant pas à sa première expérience humanitaire.
Huit ans de voyages
Depuis 2009, elle a fait plusieurs voyages au Moyen-Orient auprès des victimes des conflits en Palestine et en Syrie. En février 2016, elle se rend dans l’île de Lesbos, à 20 km de la Turquie. Un mois après la fermeture des frontières de l’Union européenne, elle va ensuite dans le camp d’Idomeni, frontalier avec la Macédoine. «Des associations du monde entier s’activaient, les échanges étaient conviviaux», rapporte-telle. «Ensuite, à Thessalonique, l’accès était beaucoup plus encadré par les militaires grecs, témoigne-telle, les gens étaient beaucoup plus tendus. L’envie de sourire leur manque cruellement.»