Var-Matin (Grand Toulon)

Voyage de la mémoire: «Une expérience à vivre»

145 collégiens des Alpes-Maritimes ont visité, cette semaine, les camps de concentrat­ion polonais pour commémorer les millions de victimes qui ont péri entre 1940 et 1945

- Textes et photos : Célia MALLECK

Sous la couche épaisse de neige, la terre polonaise est ensevelie avec son passé. Passé sombre comme les traces de sang et de cendres qui ont couvert le sol immaculé. Souillé en 1941, il est aujourd’hui foulé par des centaines de collégiens des Alpes-Maritimes. À Auschwitz-Birkenau, les élèvent parcourent les camps, craquent le duvet blanc et retracent la vie écourtée des déportés de la Seconde Guerre Mondiale. Un voyage de la mémoire organisé, jeudi pour les Niçois – et depuis plusieurs années –, par le conseil départemen­tal.

« On marche sur leurs cendres »

Le collège de l’Archet était l’un des huit établissem­ents à y participer. Encadrés par le principal et deux professeur­s d’histoire-géographie, les troisièmes suivaient le guide. À travers les camps de concentrat­ion, l’inhumanité devenait réalité. « On réalise mieux quand on y est. C’est plus vrai. Plus émouvant. Et horrible en même temps.» La guerre a un autre visage, une autre proportion. «Tout est tellement grand. On entre dans chacun des bâtiments, comme si on entrait dans la vie des déportés. C’est impression­nant », explique Raphaël. « Marqués », « choqués », les élèves de 14 ans témoignent leurs sentiments. Pour Yoan, «c’est un peu choquant, car des milliers de personnes sont mortes ici. On marche sur leurs cendres». «C’est horrible de traiter les hommes pas comme des êtres humains ! », ajoute son camarade, Maxime. Un sentiment partagé par la majorité des enfants et adultes présents. Les expérience­s menées et l’industrial­isation de la mort révulsent. Devant les stèles commémorat­ives, tous se rassemblen­t pour le dépôt de gerbes. Flot de paroles, d’hommages, et quelques larmes échappées.

Se souvenir du passé

Après avoir lu un extrait de Primo Lévi, Si c’était un homme, Salomé craque : « Je ne pensais que ça allait être aussi marquant. Quand on regarde les images, les cheveux, les vêtements, on se dit que des choses horribles se sont passées ici. Visiter les camps, c’est une expérience à vivre, quelque chose à voir et qui pourrait faire réfléchir certains. » Une réflexion qu’apporte l’histoire, à travers le temps. «Ceux qui ne se souviennen­t pas du passé sont condamnés à le répéter », disait Georges Santayana, écrivain et philosophe. Une affirmatio­n qu’Hannah et Eva renvoient à l’actualité : « On est conscient de ce qu’il s’est passé en 40, mais on n’a pas vraiment appris. Les Syriens toquent aux portes, comme les Juifs le faisaient pour échapper aux Nazis.»

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Dans les camps, les azuréens ont imaginé l’enfer des déportés de la Seconde Guerre Mondiale.

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