Var-Matin (Grand Toulon)

Bosio, le Monégasque, sculpteur des rois de France

- ANDRÉ PEYREGNE

Les touristes qui, à Paris, descendent les Champs-Élysées, traversent la place de la Concorde et se rendent au Jardin des Tuileries, connaissen­t l’Arc de Triomphe du Carrousel. Au sommet se détache la spectacula­ire sculpture du Char de la Paix, tiré par quatre chevaux. C’est l’une des sculptures les plus photograph­iées de la capitale. Non loin de là, vers le Palais Royal, les touristes tombent sur la splendide statue équestre de Louis XIV trônant au milieu de la place des Victoires. S’ils vont ensuite au musée du Louvre, ils remarquent forcément les statues d’Aristée, dieu des jardins, d’Hercule combattant le serpent ou la nymphe Salmacis sortant de l’eau. Toutes ces statues, et bien d’autres conservées au Metropolit­an Museum de New York ou au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbour­g sont l’oeuvre d’un sculpteur de notre région, François-Joseph Bosio, né à Monaco le 19 mars 1768. Ses parents, Francesco-Antonio et Teresa, étaient monégasque­s. Son père exerçait le métier de magasinier dans l’armée. Bosio montre très jeune des dons pour la sculpture. On lui donne un morceau de bois, il le transforme en effigie du Christ.

Napoléon er pose pour lui

On en a la preuve en la chapelle de la Miséricord­e à Monaco. L’attention du prince Honoré III est attirée par la précocité de ses dons. Le souverain le fait venir à Paris en 1786 et le recommande au maître Augustin Pajou. Attiré, comme tout artiste, par l’Italie, il y rencontre Antonio Canova, le sculpteur officiel de la famille Bonaparte, qui le recommande auprès de la cour impériale à Paris. Et voilà Bosio chargé de tailler dans le marbre, le buste de l’impératric­e Joséphine. Le résultat plaît tellement à Napoléon Ier que celui-ci lui offre le rarissime privilège de poser pour lui. Lorsque Napoléon se remarie avec Marie-Louise, il fait à nouveau appel à Bosio. À la chute de l’Empire, Bosio ne perd pas pour autant son aura. Il devient le sculpteur des rois de France. Son marteau et ses ciseaux donnent naissance à la statue équestre de Louis XIV, mais aussi à « Louis XVI auquel un Ange montre le ciel », à « Henri IV enfant » (visible au musée du Louvre). Louis XVIII lui accorde une pension de 4000 francs. En 1828, Charles X lui décerne le titre de baron lors de l’inaugurati­on de la statue de l’Arc de Triomphe du Carrousel. En 1840, le roi Louis-Philippe lui passe commande d’une statue de Napoléon de quatre mètres de haut pour la cérémonie du retour à Paris des cendres de l’Empereur. Elle se trouve aujourd’hui dans le domaine de la Grande Armée près de Boulogne-sur-Mer après avoir été pendant un siècle au sommet de la célèbre colonne qui se dresse en ce lieu, tournant volontaire­ment le dos à l’Angleterre. Elle en a été descendue après avoir été endommagée.

Les bas-reliefs du pont des Invalides inachevés

Mort le 29 juillet 1845, Bosio n’eut pas le temps d’achever toutes les commandes qu’on lui avait faites, notamment celles des bas-reliefs du pont des Invalides à Paris. Ceux-ci seront exécutés par la suite, d’après ses dessins, par un de ses disciples, qui n’était autre que son neveu. Ce neveu, étrangemen­t prénommé Astyanax, était le fils de son frère aîné, Jean-François, qui lui aussi était peintre, né à Monaco. Et tandis que François-Joseph Bosio repose au cimetière de Père Lachaise à Paris, non loin de la tombe du maréchal niçois Masséna sur laquelle il a sculpté son effigie, son quadrige continue à galoper glorieusem­ent, au sommet de l’Arc de Triomphe des Tuileries, dans le ciel de Paris.

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(DR) Né le  mars , François-Joseph Bosio est un artiste précoce et très apprécié des monarques de France, à commencer par Napoléon qui lui offre le rare privilège d’être son modèle.
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Ci-dessus : A Paris, la statue de Louis XIV au centre de la place des Victoires, sculptée par Bosio comme le quadrige de l’Arc de Triomphe du Carrousel

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