Balotelli dénonce le racisme
Copieusement sifflé et insulté par les supporters bastiais, l’attaquant transalpin a surtout été touché par les cris de singe venus des tribunes. La LFP se penchera prochainement sur le dossier
Quand Balotelli a quelque chose à dire, ce n’est pas à la presse qu’il s’adresse. Super Mario préfère soulager son coeur et ses maux sur les réseaux sociaux, Instagram et Twitter en tête. Son dernier message a encore fait le buzz hier, même si l’attaquant italien s’en serait passé volontiers. Après un bref commentaire sportif sur la rencontre entre Nice et Bastia, le Transalpin a posé « une question au peuple français »
: « Est-ce normal que les supporters bastiais fassent des bruits de singe pendant tout le match et que personne de la “Commission de discipline” ne dise rien ? » a-t-il demandé en substance (voir encadré).
De vieux démons qui ressurgissent
La surprise était d’autant plus grande que beaucoup de personnes présentes vendredi soir à Furiani, et notamment les journalistes, n’ont pas entendu les «uh uh» dénoncés par Balotelli. Mais d’autres protagonistes, dont certains Aiglons qui préféraient le confier en privé hier, les ont entendus pendant l’échauffement, et surtout lorsque Balotelli est entré sur le terrain. Entre les « Balotelli, figlio di putana » et autres chants grossiers mais malheureusement classiques dans un stade de football, une frange d’une dizaine de pseudos-supporters bastiais, placée sur la droite de la tribune JojoPetrignani - la plus chaude du stade - s’est lancée dans une horrible imitation du cri bestial. C’est d’ailleurs probablement à cette nauséabonde provocation que Balotelli a répondu par un doigt sur la bouche pendant un exercice devant le but, un geste relayé par les caméras de Canal Plus. Le staff niçois et les joueurs ont préféré passé sous silence l’incident à l’issue de la rencontre pour ne pas rajouter de l’huile sur le feu. Mais à travers un communiqué publié hier en début d’aprèsmidi, le club apportait tout son soutien à sa star, vivement heurtée de revivre ce genre d’épisodes racistes. Super Mario, né Barwuah et d’origine ghanéenne, a été adopté dans son enfance par la famille Balotelli. Et les Italiens n’ont pas toujours été tendres avec le joueur d’origine africaine. Sa couleur de peau a très vite suscité des traumatismes chez lui, une de ses institutrices racontera même qu’« il s’échappait en courant si jamais il voyait une banane au
goûter » dans les colonnes d’un So Foot largement consacré à la star.
« Un jour il m’a demandé si son
coeur était noir lui aussi » ajouterat-elle au coeur de l’article. Ce n’est pas dans les stades de football que Balotelli va trouver du réconfort, le racisme étant une vraie tare dans certains virages d’ultras transalpins. Et si Mario ne voulait plus revenir jouer au pays, c’est en grande partie à cause de ces problèmes. L’international de 26 ans pensait avoir retrouvé une certaine tranquillité sur ce point en France, jusqu’à ce déplacement de l’autre côté de la Méditerranée.
La Commission de discipline ouvrira un dossier jeudi
L’immense buzz déclenché par les propos du Niçois - son message a été retweeté plus de 7 500 fois en moins de six heures - n’a pas laissé la Ligue de football professionnel insensible. A travers un communiqué envoyé peu avant 16 heures,
la LFP « déplorait l’ensemble des incidents intervenus dans le cadre de la rencontre SC Bastia - OGC Nice » et annonçait que « dès jeudi, la Commission de Discipline ouvrira le dossier des incidents du match à partir des rapports complémentaires des officiels et des éléments apportés par les clubs ». Rappelons que la soirée du match a été émaillée d’incidents aussi bien avant la rencontre, qu’à son issue. Caillassé aux abords du stade Armand Cesari, le bus niçois est heureusement passé entre les gouttes après la rencontre. Ce qui n’a pas empêché quelques «supporters» corses de s’en prendre aux vitrines de banque et aux policiers. Comme lors du derby de la saison dernière - mais à un degré moindre - les CRS ont été obligés d’utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser les belligérants, tout en bloquant la sortie aux journalistes encore présents dans l’enceinte du stade. Dernier au classement du fair-play et encore loin d’être assuré de son maintien en Ligue 1 (21 points), le Sporting Club de Bastia risque gros dans cette affaire.