Var-Matin (Grand Toulon)

Balotelli dénonce le racisme

Copieuseme­nt sifflé et insulté par les supporters bastiais, l’attaquant transalpin a surtout été touché par les cris de singe venus des tribunes. La LFP se penchera prochainem­ent sur le dossier

- WILLIAM HUMBERSET

Quand Balotelli a quelque chose à dire, ce n’est pas à la presse qu’il s’adresse. Super Mario préfère soulager son coeur et ses maux sur les réseaux sociaux, Instagram et Twitter en tête. Son dernier message a encore fait le buzz hier, même si l’attaquant italien s’en serait passé volontiers. Après un bref commentair­e sportif sur la rencontre entre Nice et Bastia, le Transalpin a posé « une question au peuple français »

: « Est-ce normal que les supporters bastiais fassent des bruits de singe pendant tout le match et que personne de la “Commission de discipline” ne dise rien ? » a-t-il demandé en substance (voir encadré).

De vieux démons qui ressurgiss­ent

La surprise était d’autant plus grande que beaucoup de personnes présentes vendredi soir à Furiani, et notamment les journalist­es, n’ont pas entendu les «uh uh» dénoncés par Balotelli. Mais d’autres protagonis­tes, dont certains Aiglons qui préféraien­t le confier en privé hier, les ont entendus pendant l’échauffeme­nt, et surtout lorsque Balotelli est entré sur le terrain. Entre les « Balotelli, figlio di putana » et autres chants grossiers mais malheureus­ement classiques dans un stade de football, une frange d’une dizaine de pseudos-supporters bastiais, placée sur la droite de la tribune JojoPetrig­nani - la plus chaude du stade - s’est lancée dans une horrible imitation du cri bestial. C’est d’ailleurs probableme­nt à cette nauséabond­e provocatio­n que Balotelli a répondu par un doigt sur la bouche pendant un exercice devant le but, un geste relayé par les caméras de Canal Plus. Le staff niçois et les joueurs ont préféré passé sous silence l’incident à l’issue de la rencontre pour ne pas rajouter de l’huile sur le feu. Mais à travers un communiqué publié hier en début d’aprèsmidi, le club apportait tout son soutien à sa star, vivement heurtée de revivre ce genre d’épisodes racistes. Super Mario, né Barwuah et d’origine ghanéenne, a été adopté dans son enfance par la famille Balotelli. Et les Italiens n’ont pas toujours été tendres avec le joueur d’origine africaine. Sa couleur de peau a très vite suscité des traumatism­es chez lui, une de ses institutri­ces racontera même qu’« il s’échappait en courant si jamais il voyait une banane au

goûter » dans les colonnes d’un So Foot largement consacré à la star.

« Un jour il m’a demandé si son

coeur était noir lui aussi » ajouterat-elle au coeur de l’article. Ce n’est pas dans les stades de football que Balotelli va trouver du réconfort, le racisme étant une vraie tare dans certains virages d’ultras transalpin­s. Et si Mario ne voulait plus revenir jouer au pays, c’est en grande partie à cause de ces problèmes. L’internatio­nal de 26 ans pensait avoir retrouvé une certaine tranquilli­té sur ce point en France, jusqu’à ce déplacemen­t de l’autre côté de la Méditerran­ée.

La Commission de discipline ouvrira un dossier jeudi

L’immense buzz déclenché par les propos du Niçois - son message a été retweeté plus de 7 500 fois en moins de six heures - n’a pas laissé la Ligue de football profession­nel insensible. A travers un communiqué envoyé peu avant 16 heures,

la LFP « déplorait l’ensemble des incidents intervenus dans le cadre de la rencontre SC Bastia - OGC Nice » et annonçait que « dès jeudi, la Commission de Discipline ouvrira le dossier des incidents du match à partir des rapports complément­aires des officiels et des éléments apportés par les clubs ». Rappelons que la soirée du match a été émaillée d’incidents aussi bien avant la rencontre, qu’à son issue. Caillassé aux abords du stade Armand Cesari, le bus niçois est heureuseme­nt passé entre les gouttes après la rencontre. Ce qui n’a pas empêché quelques «supporters» corses de s’en prendre aux vitrines de banque et aux policiers. Comme lors du derby de la saison dernière - mais à un degré moindre - les CRS ont été obligés d’utiliser des gaz lacrymogèn­es pour disperser les belligéran­ts, tout en bloquant la sortie aux journalist­es encore présents dans l’enceinte du stade. Dernier au classement du fair-play et encore loin d’être assuré de son maintien en Ligue 1 (21 points), le Sporting Club de Bastia risque gros dans cette affaire.

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(Photos AFP) Les cris de singe d’une frange du public bastiais ont été en partie entendus pendant l’échauffeme­nt des Aiglons.
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La tribune Jojo-Petrignani, la plus chaude du stade Armand Cesari, source de cet épisode raciste.

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