Neuville à terre, Ogier au top
Éblouissant leader depuis le départ, le pilote belge de Hyundai a perdu les pédales dans l’ultime épreuve spéciale avant le retour à Monaco. De quoi dérouler le tapis rouge à l’ogre du WRC
Ces trois dernières années, ce fut déjà la même histoire. Un scénario pour le moins bégayant. Souvenez-vous : autour de Gap, dans son jardin d’enfant, Sébastien Ogier les avait poussés à la faute les uns après les autres. Bryan Bouffier en 2014, Sébastien Loeb en 2015, Kris Meeke la saison passée. Jamais trois sans quatre ? Si, si! Incroyable mais vrai : alors qu’il avait déjà un pied place du Palais, sur le podium princier, Thierry Neuville a perdu les pédales dans la treizième épreuve spéciale, hier. Entre Bayons et Bréziers, ironie du sort, là même où le pilote belge s’était emparé des rênes du 85e Rallye Monte-Carlo jeudi soir (ES 2).
Quinzième à plus d’une demi-heure
En apparence moins vicieuse que ses devancières, puisque disputée presque totalement sur sol sec, l’ultime chasse au chrono avant le come-back à Monaco aura ainsi renversé la vapeur au moment où personne n’y songeait. Neuville le premier, sans doute. Leader irréprochable malgré la pression exercée par son illustre poursuivant, le jeune Belge (28 ans), résident monégasque, s’imaginait probablement rentrer au bercail installé en tête. Il possédait alors un confortable matelas de 51 secondes. Avance volatilisée d’un coup, d’un seul, lorsque la Hyundai i20 Coupé numéro 5 percuta le décor au sortir d’une courbe plus sale que prévu. « Il y avait pas mal de gravillons », raconte le héros malheureux, l’air contrit. « En remettant les gaz, la voiture a beaucoup surviré et j’ai heurté un plot en béton à l’extérieur. Résultat : jante et triangle arrière droit cassés. Bon, nous sommes tout de même parvenus à bricoler une réparation de fortune pour reprendre la route, avec l’ambition de grappiller quelques points demain (aujourd’hui) dans la ‘‘power stage’’. Si ce n’est pas la fin du monde, évidemment, je regrette de rater le coche. Surtout pour l’équipe qui a beaucoup travaillé afin de m’offrir une auto très performante. »
De la neige pour la lutte finale ?
Désormais 15e à plus d’une demi-heure de la Ford Fiesta de l’ogre du WRC, le vicechampion du monde 2016 intègre malgré lui la famille des perdants magnifiques en Principauté. « Jusque-là, Thierry réalisait la course idéale », reconnaît Ogier. « Il avait adopté d’entrée un rythme très élevé. Moi, j’ai commis deux petites erreurs et lui une grosse. Voilà, c’est le Monte-Carlo ! Figurer en tête maintenant, c’est un sentiment inouï, compte tenu de notre faible expérience avec la Fiesta. Mais il faut encore aller au bout. Attention, le Turini réserve parfois des surprises. À nous de réussir à le négocier sans encombre pour débuter en beauté notre parcours avec le team M-Sport. » Invaincu au pied du Rocher depuis 2014, l’insatiable « serial winner » gapençais entamera l’apothéose azuréenne (53,7 km chronométrés), ce matin, nanti d’une marge de 47’’1 sur son coéquipier estonien Ott Tänak. De quoi aborder sereinement les pentes de la montagne sacrée du sport automobile. Où quelques flocons de neige pourraient pimenter la lutte finale...