Dans le rétro de Denis Giraudet
À l’aube de sa quarantième saison, Denis Giraudet, soixante et un an, le plus aguerri des copilotes français épaulant ici Bryan Bouffier, ravive quelques souvenirs « monte-carlesques »
Ses statistiques d’infatigable baroudeur donnent le vertige. Et inspirent le respect. Depuis son tout premier départ, il y a pile quatre décennies, lors du Critérium des Cévennes , dans le baquet de droite d’une Simca Rallye , Denis Giraudet a sillonné en long en large et en travers tous les continents : rallyes au compteur, dont manches du championnat du monde ( victoires), s’il vous plaît... Stakhanoviste du cahier de notes, le plus aguerri des copilotes, après avoir épaulé nombre d’as du volant, tels Juha Kankkunen, Didier Auriol, Philippe Bugalski, Alain Oreille, Armin Schwarz, continue de tracer son chemin, à soixante et un an. Flamme intacte, le voilà ainsi à l’aube de sa quarantième saison rugissante. Top départ en compagnie de Bryan Bouffier (Ford Fiesta R). Au Rallye Monte-Carlo, comme souvent, puisqu’il s’agit de sa e participation. L’occasion de le convier à piocher quelques mémorables temps forts dans son immense boîte à souvenirs. Allez, Denis, raconte...
, le premier frisson
« Ma première expérience au top niveau ! C’était dans une Talbot Sunbeam, avec Paul Gardère, invité par le constructeur en tant que lauréat de la coupe PTS France 1980 (Peugeot Talbot Sport). À l’époque, il s’agissait d’une épreuve d’endurance
autant que de vitesse. Parcours infiniment plus long par rapport à ceux de maintenant. Pour nous, ça se passait pas mal... jusqu’à la pénalité de 30 minutes encaissée parce que Pirelli nous avait fourni des pneus non conformes, avec le cloutage de l’année précédente. Résultat : nous finissons 51e alors que le top 30 était envisageable. »
, la voiture mythique
« À l’image d’un pilote de F1 qui rêve d’entrer chez Ferrari, en rallye, il y a une trentaine d’années, tout le monde voulait porter les couleurs Lancia-Martini. J’ai eu cette chance avec Bug’ (le regretté Philippe Bugalski). Je me souviens de l’ambiance de folie qui régnait au départ de la concentration, à Sestrières, lorsque notre Delta Integrale groupe A a gravi le podium. Après une entrée en matières un peu compliquée, on avait bien redressé la barre pour finir 5e. Évidemment, j’ai gardé la combinaison. À l’époque, je dormais presque avec ! »
, le seul podium
« Sportivement parlant, ce n’est pas mon meilleur souvenir, loin de là. Parce que cette troisième place, avec Didier Auriol (Toyota Corolla WRC), on l’avait acquise sur tapis vert, suite au déclassement de Colin McRae. Je n’ai même pas la coupe à la maison... »
, la cure de jouvence
« Grâce à Nicolas Bernardi (Renault Clio Super 1600), j’ai gagné le classement Junior à presque cinquante ans ! Face à des espoirs prometteurs, Kris Meeke et Guy Wilks entre autres, il avait parfaitement géré son affaire. D’abord en évitant les nombreux pièges de glace disséminés en début de parcours. Puis en massacrant littéralement la concurrence lors de la dernière nuit. »
, la spéciale dantesque
« Romain Dumas arrivait du Dakar et sa Porsche GT3 avait conservé les réglages du Rallye du Var précédent, pas vraiment adéquats pour le tapis blanc de l’ES 1. Entrevaux-Rouaine, ce fut donc une succession de chaleurs. Écarts et tête-à-queue à gogo lors de cette spéciale initiale négociée de nuit. Celle qui avait ouvert l’édition 99 garde aussi une place à part dans ma mémoire. Cinquante bornes en enfer, près de Gap. Avec Didier (Auriol), nous étions tombés dans le décor 400 mètres après le départ. Même virage, même punition pour notre coéquipier Carlos Sainz. De quoi irriter le patron de Toyota Motorsport au plus haut point. Ove Andersson nous a d’ailleurs tous convoqués à Cologne la semaine suivante pour nous passer savon monumental... »