Primes en liquide: verdict aujourd’hui pour Guéant
Il sera fixé sur son sort aujourd’hui. L’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy à l’Intérieur, Claude Guéant, connaîtra dans la journée la décision de la cour d’appel de Paris dans l’affaire des primes en liquide versées dans ce ministère. En première instance, celui qui était à l’époque directeur de cabinet avait été condamné à deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction de toute fonction publique. Et devant la cour d’appel, l’avocat général a requis l’aggravation de cette peine à 30 mois de prison avec sursis, 100 000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction des droits civils et civiques. Le magistrat a estimé que M. Guéant avait «abusé de sa connaissance» du poste de directeur général de la police nationale qu’il avait précédemment occupé pour réclamer les fonds à son successeur Michel Gaudin, dont il a attendu la nomination pour mettre en place ce système, qualifié de « scandaleux ». L’affaire porte sur des primes en espèce que se versaient chaque mois des membres du cabinet de Nicolas Sarkozy à l’Intérieur et qui étaient prélevées sur une enveloppe destinée aux frais d’enquête et de surveillance des policiers.
« Satisfaire le confort de hauts fonctionnaires »
La procédure vise un montant global de 210000 euros, soit 10000 euros par mois remis entre 2002 et 2004 par Michel Gaudin à Claude Guéant. Ce dernier en a gardé la moitié et a reversé le solde à trois de ses collaborateurs, Michel Camux, Daniel Canepa et Gérard Moisselin. Dans ses réquisitions, l’avocat général Alain Gallaire s’est montré plus clément pour Michel Gaudin, contre qui il a réclamé 20 000 euros d’amende. L’ancien patron de la police a été condamné à dix mois avec sursis en première instance. Le magistrat a considéré que le haut fonctionnaire avait tout fait pour rendre plus claires les rémunérations dans la police et avait agi sur ordre de Claude Guéant, même si, a-t-il dit, « il aurait pu refuser d’obéir ». Il a par ailleurs demandé la confirmation des peines infligées par le tribunal correctionnel à Michel Camux et Daniel Canepa, soit 8 mois avec sursis et respectivement 40000 et 30000 euros d’amende. Il a enfin requis une peine de 180 jours amendes à 100 euros, soit 18000 euros à l’encontre de Gérard Moisselin, condamné à 6 mois avec sursis et 20 000 euros d’amende en première instance. L’avocat général a qualifié de « dévoiement » l’utilisation de fonds destinés à des policiers de terrain qui se plaignent régulièrement d’un manque de moyens pour financer leurs missions, pour satisfaire «le confort de quelques hauts fonctionnaires ».