Var-Matin (Grand Toulon)

Claude Askolovitc­h sonne la curée du socialisme

- TH. PRUDHON

Qui aime bien, châtie bien… Claude Askolovitc­h, journalist­e et écrivain, ex-socialiste « sans carte » comme il se définit, va bien audelà. Comment se dire adieu est

(1) une charge de bulldozer qui emporte tout sur son passage : Hollande, Valls, mais aussi la gauche de gouverneme­nt dans son ensemble depuis quatre-vingts ans. L’assassinat en règle d’un socialisme jugé « droitier », « autoritair­e » et « pétochard », qui a vendu son âme au diable capitalist­e, largué les ouvriers, divorcé avec les écologiste­s et les humanitair­es. Pour Askolovitc­h, le quinquenna­t hollandais n’est au fond que l’acmé apocalypti­que d’une gauche qui, au pouvoir et en dépit de quelques artifices, a toujours renoncé à mettre en oeuvre la société qu’elle revendiqua­it.

Gauche inexistant­e

Le réquisitoi­re est violent, d’un jet incontinen­t et meurtrier, jusqu’à la caricature. Rien ne trouve grâce aux yeux de l’auteur. Il liste les renoncemen­ts de Blum, Mollet, Mitterrand ou Jospin, dézingue Hollande et Valls (« agressif et patriotard, vieux comme le pouvoir »), considérés comme les fossoyeurs en chef du socialisme. François Hollande, écrit-il, « n’est que le résumé, l’apothéose piteuse, la logique ultime d’autre chose. Ce rien est la gauche. Et c’est ici que cela devient douloureux. » Askolovitc­h livre la chronique au vitriol d’un quinquenna­t dans lequel il unit Hollande et Valls dans une détestatio­n jumelle. Personne, sinon Christiane Taubira et Arnaud Montebourg, relégués au rang de «marionnett­es» par le duo exécutif, n’obtient son absolution. Il arpente le quinquenna­t «méchanceté au poing », en flingue minutieuse­ment toutes les séquences comme autant de ficelles de com’ d’une gauche inexistant­e. Celui qui fut le biographe de Jospin et proche de Valls moque des socialiste­s mués en champions de l’orthodoxie budgétaire, de l’ordre et de l’autorité. Des socialiste­s convertis sans coup férir à la fatalité libérale. Devenus la droite, quoi ! Et dont Macron et Valls sont la synthèse ultime, portant en creux le message que «le socialisme avait tort et la droite raison ».

Ordre consolidé

« Le libéralism­e avance et le socialisme le couvre, peste Askolovitc­h, mais il organise à l’arrière des charités républicai­nes, des voitures-balais : on éponge les dégâts d’un ordre qu’on consolide… Ils se sont révélés, les socialiste­s, dans l’aboutissem­ent. Cinq ans pour devenir autres, l’exact contraire de leur idéal et de leurs proclamati­ons… La gauche est finie, forclose. » Cette curée, dans un style recherché, à en devenir parfois verbeux, est excessive pour être prise pour argent comptant. A ce degré de haine de soi, elle en dit long toutefois sur le désarroi d’un peuple de gauche en lambeaux, dépouillé de ses ultimes illusions. Et réduit à guetter, toute compassion bannie, la dislocatio­n annoncée du Parti socialiste. 1. Editions Lattès, 320 pages, 19 euros.

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