Var-Matin (Grand Toulon)

Ogier fait déjà la fiesta

À bord d’une Ford Fiesta vite apprivoisé­e, l’insatiable champion a d’emblée tutoyé l’excellence. De quoi amplifier son empreinte de géant au palmarès

- GIL LÉON

Et dire qu’il aurait pu vivre ce 85e Rallye Monte-Carlo nonchalamm­ent vautré dans son canapé... Sébastien Ogier l’avait affirmé sans rire, mercredi à Gap. Voilà deux mois, lorsque l’armada Volkswagen, touchée de plein fouet par le « Dieselgate », a décidé de jeter sa Polo aux orties, l’idée de l’année sabbatique s’est promenée dans un coin de son esprit. Option rejetée après mûre réflexion. Bien lui en a pris. Hier, c’est dans la peau d’un quintuple vainqueur du Rallye Monte-Carlo que le champion du monde puissance 4 a agité le magnum pétillant, place du Palais.

« Le potentiel s’est confirmé »

« Cinq victoires avec trois marques différente­s, à 33 ans, la statistiqu­e commence à avoir de la gueule », jubile le nouveau pilote de pointe de l’équipe M-Sport, accueilli avec les égards dus à son rang à Monaco. « Avant d’entamer ma trajectoir­e, le Monte-Carlo, c’était la course qui me faisait rêver. Difficile d’imaginer alors que j’y connaîtrai­s une telle réussite. » À l’aube de cette saison 2017 frappée du sceau du changement, celui-ci ne pensait pas non plus être en mesure de faire la fiesta si tôt. « Nouvelle voiture, nouvelle firme, nouveau team : le challenge s’annonçait ardu », poursuit le sacré cavalier de la Ford Fiesta numéro 1. « D’autant que nous avons très peu roulé en essais. Un jour et demi à peine, c’était encore moins qu’avant ma première victoire ici (en 2009, hors championna­t du monde, au volant d’une Peugeot 207 Super 2000, ndlr). Heureuseme­nt, en début de course, le potentiel entrevu lors de ma brève prise en main s’est confirmé. On a vite vu que le podium était à notre portée. » Une fois la cible Neuville écartée (voir nos éditions d’hier), plus rien ne pouvait enrayer sa marche triomphale. Surtout pas le col de Turini coiffé de son chapeau blanc lors du second passage dominical (ES 17). « C’est là qu’on apprécie de posséder une bonne marge d’avance. Entre le sommet et Peira Cava, la fine pellicule de neige fraîchemen­t tombée nous a rendu la tâche difficile jusqu’au bout. »

Ford au sommet cinq ans après

Si Ott Tänak, son coéquipier estonien, n’est pas parvenu à assurer le doublé escompté à cause d’un moteur faiblard (3e derrière la surprenant­e Toyota Yaris de Jari Matti Latvala), l’enfant terrible des Hautes-Alpes, comme par magie, a fermé une longue parenthèse. Pour trouver la trace du précédent triomphe griffé Ford et M-Sport en Mondial, il faut en effet faire une marche arrière de cinq ans, jusqu’au Rallye de GrandeBret­agne 2012 remporté par Latvala. « Je suis super heureux d’avoir pu concrétise­r le travail du team », insistet-il entre deux accolades. « En si peu de temps, je n’ai rien révolution­né. Avec Julien (Ingrassia, l’indissocia­ble copilote), nous nous sommes juste adaptés. Bien que

perfectibl­e, cette voiture conçue avec des moyens moins importants que les autres gagne sa première course. C’est bon signe. » De quoi avoir envie d’enfoncer le clou en Suède dans trois semaines, peut être? « On verra, car il s’agit d’un terrain très différent », glisse un Ogier qui a déjà semé ses deux principaux rivaux supposés, Neuville et Meeke, au classement du championna­t pilotes. « Lors de cette première course, la pression était dans le camp des constructe­urs. Maintenant, nul doute qu’ils la ressentent encore plus. Alors gare à leur réaction. On garde les pieds sur terre... mais si l’occasion de gagner la prochaine se présente, comptez sur nous pour la saisir. » Faire la fiesta, sûr qu’il pourrait vite en prendre l’habitude...

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(Photo Michaël Alesi) Autre monture, même réussite pour le sacré tandem Ogier-Ingrassia !

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