Un homme succombe dans l’incendie de son appartement à Nice, trois personnes intoxiquées
Une chambre à coucher calcinée. Des radiateurs, des câbles électriques rongés par la chaleur suffocante. Et la cuisine attenante noircie par les gaz de combustion. Voilà le tableau que découvrent les experts, hier matin, au 18, boulevard Mantega-Righi. Un tableau bien sombre : un homme a trouvé la mort, ici même, dans la nuit de dimanche à lundi. « Il était 3 h 30. J’ai perçu des bruits et vu d’épaisses fumées », raconte David-André Darmon. Âgé de 30 ans, ce riverain a alerté son père Serge, puis les secours. « Les pompiers ont mis un peu de temps à intervenir, puis de gros moyens sont arrivés. Je les ai vus évacuer le monsieur. Il toussait. Ils l’ont allongé devant l’entrée de l’immeuble, l’ont mis en position latérale, puis lui ont fait un massage cardiaque avant de le placer dans le fourgon. Comme ils ne l’ont pas conduit aux urgences, on s’est douté… »
« Énormément de fumée »
Les tentatives de réanimation sont restées vaines. René Séverain, 59 ans, est décédé avant d’être évacué. Mort aux portes du bâtiment de deux niveaux, constitué de deux propriétés (les maisons Arnaud et Rossi) où il habitait de longue date, dans le quartier du Piol. Souffrant de lourds handicaps – à la fois malvoyant et malentendant –, il vivait seul dans cet appartement en rez-de-jardin. C’est là que s’est déclaré le sinistre, très vraisemblablement d’origine accidentelle. Une surchauffe électrique liée aux branchements sur les prises de terre pourrait en être la cause. Les policiers du service du quart ont procédé aux constatations avant de passer le relais au groupe d’appui judiciaire, en charge de l’enquête pour recherche des causes de la mort. Deux policiers nationaux ont, eux aussi, été victimes de l’incendie. Âgés d’environ 40 ans, ces agents ont été légèrement intoxiqués par les fumées. Tout comme Jacqueline, 82 ans, habitante du premier étage. «Ily avait énormément de fumée. On ne voyait plus rien dans le couloir, témoigne René, 73 ans, son voisin. Les pompiers nous ont tous évacués. On est restés dehors près de deux heures. » Placés sous assistance respiratoire puis évacués à l’hôpital Pasteur 2, les policiers ont quitté les urgences hier matin. Tout comme Jacqueline, qui a réintégré son domicile. « À présent, je respire bien. Mais ce matin, je n’y arrivais pas, s’exclame l’octogénaire, revigorée. J’ai fait deux bronchites asthmatiformes, alors ça m’a déclenché une réaction… Mais aux urgences, ils se sont très bien occupés de moi. »
Dix-huit riverains évacués
Une trentaine de sapeurs-pompiers est intervenue depuis les casernes Magnan, Hancy, BonVoyage et Saint-Isidore avec huit véhicules. Outre l’assistance aux victimes, ils ont évacué dix-huit riverains, éteint le feu, ventilé les lieux. Puis ils ont laissé la place aux pompes funèbres, venues emmener la dépouille de René Séverain. « On le côtoyait, on se saluait dans la rue. Mais on n’a jamais pu avoir une vraie conversation », soupire le René du premier étage. La propriétaire de l’appartement sinistré décrit un locataire « pas très sociable. Il ne méritait pas ça… J’espère au moins qu’il n’a pas souffert. »