Affaire « mains propres » : jugement aujourd’hui
Des peines allant jusqu’à cinq ans de prison avaient été requises à Marseille à l’encontre des onze protagonistes de cette vaste affaire de corruption concernant Monaco et sa célèbre tour Odéon
Les promoteurs de la plus haute tour de Monaco ont-ils tenté de corrompre le maire de Beausoleil ? La famille de feu le sénateur Vestri a-t-elle blanchi de l’argent en Suisse ? Des apporteurs d’affaires peu scrupuleux ont-ils dissimulé leurs commissions au fisc ? Durant près de dix jours, le tribunal correctionnel de Marseille avait tenté de répondre à ces questions. Non sans mal. Les faits reprochés aux onze prévenus qui ont comparu du 28 novembre au 6 décembre dernier devant la juridiction phocéenne remontent à près de dix ans. Ils auraient été commis à l’ombre des buildings de la Principauté et sur la presqu’île des milliardaires. C’est là que des élus de la République ou leurs proches auraient succombé aux sirènes de l’argent facile. Celui qui s’échange en liquide et atterri sur des comptes à l’étranger.
Convictions contre dénégations
Dans le cadre de l’affaire « mains propres », l’un des plus retentissants scandales politico-financier qui a secoué la Côte d’Azur depuis le début des années 2000, les enquêteurs de la police judiciaire et du groupe d’intervention régional (GIR) ont retrouvé la trace de dizaines de sociétés offshore. Ces montages financiers complexes auraient servi à dissimuler des avoirs acquis illégalement. Telle est en tout cas la conviction des enquêteurs qui, dix jours durant, à la barre du tribunal correctionnel de Marseille, s’est heurtée aux dénégations des prévenus mises en cause. Des frères Marzocco, les promoteurs de la tour Odéon, à Gérard Spinelli, le maire de Beausoleil, tous ont nié le pacte de corruption qui était censé les lier. Olivia Vestri, la fille du sénateur maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, s’est subitement souvenue que les millions retrouvés sur son compte en suisse lui venaient en fait de son père décédé en 2013. Chacun des protagonistes de ce dossier a tenté de minimiser son rôle. À l’exception peut-être d’un seul, Lino Alberti, l’homme clé de cette affaire. C’est en épiant les relations éclectiques de cet homme d’affaires italo-monégasque, allant du milieu du grand banditisme aux arcanes du pouvoir local, que les enquêteurs pensaient avoir découvert le pot aux roses. L’accusation tient en partie sur ses aveux... Parfois embrouillés à la barre du tribunal correctionnel de Marseille. Ce qui n’a pas empêché le parquet de requérir cinq ans de prison à son encontre dont deux ferme et un million d’euros d’amende. Des peines allant de 6 mois à trois ans ont été demandées pour les autres prévenus. Mais toutes assujetties du sursis. Y compris pour le maire de Beausoleil qui a pourtant déjà passé quatre mois en détention provisoire dans le cadre de cette affaire. Ils seront donc fixés sur leur sort aujourd’hui.