Fessenheim : feu vert pour la fermeture de la centrale
EDF a validé, hier, les conditions d’indemnisation proposées par l’Etat pour arrêter la doyenne des centrales nucléaires. Une promesse de 2012 de François Hollande...
Le conseil d’administration d’EDF a adopté sur le fil mardi un accord d’indemnisation du groupe pour la fermeture anticipée de Fessenheim, première étape d’une longue procédure devant aboutir à l’arrêt effectif de la plus vieille centrale nucléaire de France, longtemps promis par l’exécutif. L’aval du conseil a été obtenu grâce au vote des six administrateurs indépendants, selon une source proche du dossier, parmi lesquels le P.D.G. Jean-Bernard Lévy, dont la voix est prépondérante en cas de dissensions. Les six représentants des salariés ont voté contre cette indemnisation d’un peu moins de 500 M€ dans la lignée d’un avis négatif du comité central d’entreprise estimant qu’une fermeture entraînerait un important manque à gagner pour EDF et la suppression de deux mille emplois. En situation de conflit d’intérêts, les représentants de l’État actionnaire à 85,6 % ne se sont pas prononcés. Promesse de campagne du président François Hollande qui l’avait d’abord fixée à fin 2016 avant d’en repousser le délai avant la fin de son quinquennat, la fermeture de Fessenheim est désormais prévue en 2018 lors de la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche). La loi de transition énergétique votée en 2015 plafonne en effet les capacités de production nucléaire à leur niveau actuel de 63,2 gigawatts. Située sur une faille sismique et en contrebas du Rhin, la doyenne des centrales françaises, en service depuis 1977, suscite l’inquiétude des écologistes français, allemands et suisses depuis des années. Mais le sort des deux réacteurs de 900 mégawatts (MW) se profile également comme un enjeu de la prochaine élection présidentielle, le candidat Les Républicains, François Fillon, ayant assuré qu’il reviendrait sur cette décision en cas de victoire. La ministre de l’Environnement et de l’Énergie, Ségolène Royal, a assuré qu’elle donnerait une suite positive aux demandes du Conseil d’administration. La demande d’abrogation devra ensuite faire l’objet d’un décret gouvernemental pour entériner la décision de fermeture.
Satisfecit allemand
Outre-Rhin, Rita Schwarzelühr-Sutter, secrétaire d’État parlementaire auprès du ministère de l’Environnement (BMUB), a estimé que la décision d’EDF constituait « un pas dans la bonne direction », en appelant la France à accélérer la fermeture de Fessenheim. A l’opposé des associations de défense de l’environnement, les syndicats restent eux totalement opposés à la fermeture, qualifiée d’« absurdité économique et environnementale » par FO qui s’est élevé contre le « chantage indigne » exercé sur EDF. « L’histoire n’est pas écrite » , a prévenu de son côté la FNME-CGT qui, comme la CFE-CGC, continuera «à mettre tout en oeuvre pour empêcher ce qui serait un gâchis historique ».