Var-Matin (Grand Toulon)

Valls-Hamon : l’entre-deux-tours tourne au combat de coqs

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Une journée en campagne

DE RUGY TRANCHE A LA NORMANDE

François de Rugy, l’écologiste crédité de , % au premier tour de la primaire, a tranché… Enfin, façon de parler. Après avoir rencontré les deux finalistes lundi, il a annoncé hier qu’il ne votera pas pour Hamon, sans pour autant être sûr de voter Valls. « A ce stade, je ne suis pas en mesure de dire que je voterai pour l’un ou pour l’autre. Je peux juste dire que je ne pourrai pas voter pour Benoît Hamon», a expliqué le député de Loire-Atlantique. S’il estime le projet de revenu universel de Benoît Hamon « irréaliste », François de Rugy regrette en revanche que Manuel Valls, jugé plus responsabl­e, soit « resté en retrait sur l’écologie ».

LA REFONTE TERRITORIA­LE SELON FILLON

Alain Chrétien, député-maire de Vesoul et membre de l’équipe de campagne de François Fillon, a exposé le projet de réforme territoria­le du candidat de la droite. Il propose principale­ment que les futurs conseiller­s régionaux soient désignés au sein des conseils départemen­taux, à l’image du fléchage pratiqué entre les communes et les intercommu­nalités. « Cette nouvelle version du conseiller territoria­l, note-t-il, permettrai­t de supprimer l’élection régionale et de réduire le nombre d’élus locaux. Elle favorisera­it aussi le rapprochem­ent Départemen­t-Région. »

KOUCHNER SÉDUIT PAR MACRON

Et un soutien de plus pour Emmanuel Macron. Celui de Bernard Kouchner. L’ancien ministre des Affaires étrangères, qui a pourtant voté pour Valls au premier tour de la primaire, a dit hier tout le bien qu’il pensait de Macron dans Le Parisien : « S’il y a quelqu’un qui fait naître l’espoir, c’est bien lui. C’est un homme qui ouvre le jeu, qui ne s’arrête pas au clivage droite-gauche et qui reste humaniste. C’est une belle aventure. Et j’aime l’aventure et la solidarité. » La tension est encore montée d’un cran, hier, entre les finalistes de la primaire élargie du PS, Manuel Valls lâchant ses coups contre Benoît Hamon, notamment sur la question de la laïcité, à la veille du débat télévisé de l’entredeux-tours. Alors que l’incertitud­e autour du chiffre exact de participat­ion au premier tour – toujours pas publié hier après-midi – continue d’alimenter les soupçons, les deux candidats ont singulière­ment haussé le ton, aggravant la fracture ouverte au PS entre l’aile gauche, incarnée par M. Hamon, et l’aile droite de M. Valls. En ballottage défavorabl­e face à M. Hamon, l’ex-Premier ministre s’est montré extrêmemen­t offensif hier, avant le duel télévisé de ce soir qui s’annonce crispé et pourrait être déterminan­t car Valls compte surtout emmener son ancien ministre de l’Éducation sur le terrain de la laïcité, une thématique sur laquelle il juge M. Hamon « ambigu ». « Je défendrai aussi une vision de la laïcité que je veux incarner, la lutte contre le communauta­risme », a ainsi assuré lundi Manuel Valls, insistant encore hier matin sur les « risques d’accommodem­ents » du député des Yvelines en la matière. « Il ne peut pas y avoir le moindre compromis avec les communauta­rismes », aaffirmé M. Valls sur franceinfo, avant d’embrayer sur un déplacemen­t à la Maison des femmes de Saint-Denis. L’ancien Premier ministre fait allusion à la polémique qu’avait déclenchée Benoît Hamon mi-décembre. Invité à commenter un reportage montrant l’absence de mixité dans certains cafés de banlieues, notamment à Sevran (Seine-Saint-Denis), l’élu de Trappes avait souligné qu’« historique­ment, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes », paraissant ainsi relativise­r le problème. « Aucune tradition culturelle dans la République française ne peut admettre qu’on interdise à des femmes un lieu ou un espace public », a insisté M. Valls depuis Saint-Denis. Ces critiques ont déclenché l’ire de M. Hamon et ses soutiens. « On me fait le procès de quoi? D’être élu de banlieue, d’être confronté à la réalité de ce communauta­risme que je combats, autrement que par des mots », a-t-il dénoncé. « Ce n’est pas moi qui ai une version dévoyée de la laïcité », a-t-il lancé à son adversaire. « C’est le Conseil d’État qui lui a rappelé ce qu’était la loi sur le burkini quand il s’est porté au secours des maires interdisan­t le burkini. » François Hollande ne laissera donc aucune pierre dans cette histoire des bâtiments qui font aussi la grandeur de la France. Cette présidence anormaleme­nt normale finit même dans la médiocrité, voire l’aigreur. On n’en voudra pas au chef de l’Etat de voyager à travers le monde, même si on s’interroge sur l’utilité de ces déplacemen­ts. Les interlocut­eurs étrangers de François Hollande savent que dans trois mois il quittera le pouvoir. Bref, il ne peut prendre que des engagement­s sans avenir. Le plus sidérant, en vérité, est son indifféren­ce à la primaire de la gauche, mitonnée au départ pour lui. Après avoir renoncé au combat de peur de le perdre, il affiche un ostensible mépris pour sa famille politique! Comme s’il n’était pas coupable de cette désintégra­tion de la gauche. Par son attitude, il semble même vouloir faire des candidats à ce scrutin les boucs émissaires de son échec. Ce comporteme­nt apparaissa­it, d’ailleurs, très clairement dans le livre confession qui l’a conduit à sa perte : « Un président ne devrait pas dire ça... » Il s’y employait à se dédouaner de tout, à rejeter, avec arrogance, sur tous les autres la faillite de son quinquenna­t. Responsabl­e de rien, il se lave les mains aujourd’hui de la débandade de son camp. Triste fin d’un Président qui ne voit pas qu’il est, en fait, l’auteur de cette Bérézina, faute d’avoir imposé son autorité. Du coup, il finit son mandat sous les traits de Ponce Pilate.

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