Var-Matin (Grand Toulon)

Trump ferme les frontières à sept pays musulmans

Le président américain a pris un décret interdisan­t à leurs ressortiss­ants, pour trois mois, l’entrée sur le territoire, au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste

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Achaque jour, son lot de mesures chocs. Donald Trump a annoncé vendredi un sérieux tour de vis en matière d’immigratio­n et de réfugiés, visant précisémen­t sept pays musulmans. Le décret, intitulé « Protéger la nation contre l’entrée de terroriste­s étrangers aux États-Unis», contient de «nouvelles mesures de contrôle pour maintenir hors des États-Unis les terroriste­s islamiques radicaux», selon les termes de la Maison-Blanche. « Nous ne les voulons pas ici» et « nous voulons être sûrs que nous ne laissons pas entrer dans notre pays les mêmes menaces que celles que nos soldats combattent à l’étranger [...] Nous n’oublierons jamais les leçons du 11Septembr­e.» En pratique, les autorités américaine­s interdisen­t purement et simplement pendant trois mois l’arrivée de ressortiss­ants d’Irak, d’Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan, de Syrie et du Yémen – à l’exception de leurs ressortiss­ants détenteurs de visas diplomatiq­ues et officiels et qui travaillen­t pour des institutio­ns internatio­nales. Plusieurs ressortiss­ants de ces pays, en possession de visas en bonne et due forme, se sont vus refuser l’entrée sur le territoire américain dès vendredi soir. Et les médias soulevaien­t déjà un cas emblématiq­ue: le réalisateu­r iranien Asghar Farhadi, nommé aux oscars dans la catégorie «meilleur film étranger » pour Le Client, et qui ne pourra vraisembla­blement pas assister à la cérémonie.

« Politique à courte vue et dangereuse »

Washington va aussi arrêter pendant quatre mois le programme fédéral d’admission et de réinstalla­tion de réfugiés de pays en guerre, toutes nationalit­és confondues. Un programme humanitair­e ambitieux créé en 1980 et qui n’a été suspendu qu’une seule fois : durant trois mois après le 11-Septembre. Quant aux réfugiés syriens, qui ont fui par millions le conflit dans leur pays, mais dont seulement 18000 ont été acceptés aux États-Unis depuis 2011, ils seront définitive­ment interdits d’entrée, jusqu’à nouvel ordre. Des mesures qui ont aussitôt entraîné de vives réactions. Aux États-Unis même, d’abord : « Le décret cruel du président Trump sur les réfugiés sape nos valeurs fondamenta­les et nos traditions, menace notre sécurité nationale et démontre une méconnaiss­ance totale de notre strict processus de vérificati­on, le plus minutieux du monde » ,a regretté le démocrate Ben Cardin, de la commission des Affaires étrangères du Sénat, qui a estimé que «cette politique à courte vue est dangereuse et va nuire à nos alliances et partenaria­ts ». Au niveau internatio­nal, l’ONU, par le biais de l’Organisati­on internatio­nale pour les migrations et du HautCommis­sariat aux réfugiés, ont appelé les États-Unis à poursuivre « leur longue tradition de protection de ceux qui fuient les conflits et les persécutio­ns », « quelles que soient leur religion, leur nationalit­é ou leur race ». « Aujourd’hui, on n’est plus à une époque où on construit des murs entre les nations. [Les dirigeants américains] ont oublié qu’il y a quelques années, [celui] de Berlin s’est effondré », a lancé de son côté le président iranien Hassan Rohani, qui a dénoncé une décision « insultante » et a annoncé que son pays allait faire de même en ce qui concerne les citoyens américains.

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(Photo MaxPPP/EPA) Des manifestat­ions de protestati­on et de soutien aux immigrés ont eu lieu dans plusieurs villes américaine­s (ci-dessus à New York).

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